15% de temps en plus, 25% d'économie de carburant: faut-il réduire la vitesse sur autoroute ?
"Personne n'ose en parler". Invité du Face à Face d'Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV ce jeudi, le climatologue Jean Jouzel a évoqué la possibilité d'une baisse de la limitation de vitesse sur autoroute qui, selon lui, "permettrait de réelles économies." Cette mesure avait été proposée à l'été 2020 par la convention citoyenne, mais n'avait pas été retenue par le gouvernement Castex à l'époque.
Dans le même temps, la Première ministre, Élisabeth Borne, n'exclut pas d'y réfléchir. Invitée de France Inter, ce jeudi, la locataire de Matignon avoue aussi que ce sont "des sujets qui sont très sensibles" et souhaite des mesures "d'adhésion pour mener une transition écologique radicale pour répondre à l'urgence climatique".
"Ce sont aussi des sujets qui peuvent faire l'objet de débat. On a gardé un certain souvenir de la mesure du passage de 90 à 80 km/h. C'est un sujet sensible. Il faut trouver des mesures qui recueillent l'adhésion. La prise de conscience se renforce, des choses pas acceptables peuvent le devenir mais ne s'agit pas de prendre des mesures qui sont prises de façon négative par les Français", a-t-elle expliqué.
"Ça vaut le coût"
Autour de la table d'"Apolline Matin" ce vendredi, Emmanuel Lechypre, spécialiste économie de RMC a donné quelques chiffres sur cette mesure: "Si on roule 20 km/h moins vite, c'est 15% de temps en plus mais 25% d'économie de carburant. Chaque 100 km, c'est trois euros d'économie", estime-t-il. Il en est sûr, "ça vaut le coût"
Même en voiture électrique, cela pourrait être gagnant au niveau des économies d'énergie car à 130 km/h, la batterie se vide très vite. À 110 km/h, "ce sera plus supportable", note Nicolas Poincaré.
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"Une mutation de société enthousiasmante"
Sur RMC, Clément Pairot, spécialiste du climat et animateur de la "fresque du climat", a estimé qu'il fallait bien expliquer cette mesure aux automobilistes, tant sur le plan climatologique que économique, et en faisant "en sorte que des mesures de bon sens soient massivement acceptées et que les gens comprennent pourquoi".
"Si on baisse la vitesse à 110 et qu'on encourage les gens à covoiturer, ça peut être une mutation de société enthousiasmante, si on donne la compréhension aux gens et le moyen aux gens pour passer à l'action à toutes les échelles."
"Pas socialement acceptable"
Une mesure qui n'enthousiasme pas Yves Carra, par contre. Le porte-parole de l'Automobile Club estime que "si on va sur autoroute, c'est pour aller plus vite et ça a coût".
"Personne n'empêche les Français de rouler à 110 km/h s'ils le souhaitent, mais s'ils ne le font pas, c'est que ce n'est pas socialement acceptable."
Les auditeurs de RMC au 3216 étaient sur la même ligne: si on veut baisser la vitesse, il faut baisser le prix des péages ou faire comme en Bretagne, où la limitation est à 110 km/h mais où il n'y a pas de péages. L'autre crainte d'Yves Carra est sur les risques sur la sécurité routière. Pour lui, "mettre les 110 km/h risquerait d'augmenter la mortalité routière, car les gens iraient sur le réseau secondaire, plus dangereux. Il faut faire attention à cet effet secondaire".