A69 Toulouse-Castres: après la polémique, est-ce la fin des grands projets d'autoroute en France?

De plus en plus de projets d'autoroutes en France sont suspendus et contestés, alors que la contestation de l'autoroute A69 Toulouse-Castres suscite la polémique.

Pas d'avenir pour les nouvelles autoroutes en France? De plus en plus de projets sont contestés dans le pays, et une réunion, présidée par le ministre des Transports, a même lieu ce jeudi 12 octobre au sujet de "l’avenir de l’autoroute". Le ministre Clément Beaune avait déjà indiqué fin septembre que "plusieurs" projets d'autoroutes "seront arrêtés". "Des décisions courageuses" pour être "cohérent", à l'heure de la planification écologique. "On ne peut pas faire comme avant" avait justifié le ministre à ce moment-là.

Parmi les projets qui pourraient être abandonnés, le contournement de plusieurs villes comme Rouen ou Chartres. A l'inverse, l'autoroute A69 qui doit relier Toulouse (Haute-Garonne) à Castres (Tarn) est maintenue, mais fait l'objet d'une contestation très importante.

Faut-il arrêter de construire des autoroutes ? - 12/10

20:27

Des avis très polarisés sur l'A69

La suspension temporaire des abattages d'arbres sur le parcours de l'A69 a été actée il y a deux jours, une décision prise par le gouvernement alors que trois militants dont Thomas Brail avaient entamé une grève de la faim et de la soif.

Une réunion de concertations sur ce projet doit se tenir ce vendredi pour entendre l'avis des opposants et des défenseurs de l'A69. Mais il sera manifestement difficile de trouver un terrain d'entente sur ce dossier, tant les avis sont polarisés.

Les opposants à l’autoroute ont d'ailleurs constaté ce mercredi encore que les pelleteuses sont toujours en action sur le tracé. Seules les opérations de défrichement sont à l’arrêt en attendant la réunion de vendredi. Il n'est "pas question de céder", explique Geoffrey Tarroux, membre du collectif "La voie est libre", qui milite contre le projet.

"Nous, ce qu'on demande et ce qu'on continuera de demander, c'est la suspension de ce projet", résume-t-il.

Il réclame une "expertise indépendante" mais également un référendum. "C'est pour montrer que les gens ne veulent de ce projet antisocial et inutile qui va privatiser les routes publiques", lance-t-il à notre micro.

Argument économique, qui s'ajoute à la menace écologique selon les associations. Anne Lassman-Trappier, référente mobilité et qualité de l'air à France Nature Environnement, pointe elle aussi les différents impacts négatifs des autoroutes sur la nature: la destruction d'écosystèmes, mais surtout de l'habitat de la biodiversité.

"Il y a des effets de coupure qui empêchent le développement normal des espèces", explique-t-elle. "Il faut regarder autrement les questions de mobilité".

15 minutes gagnées pour 17 euros de péage?

Invité de RMC ce jeudi 12 octobre, Cyril Dion, réalisateur et opposant à l'A69 cite quant à lui l'exemple à suivre selon lui: les Pays-Bas. "Ils ont décidé de ne plus construire de nouvelles routes", salue-t-il, assurant qu'il est possible de renforcer la ligne de train et de réaménager la route déjà existante.

"15 minutes de gagnées pour 17 euros aller-retour... Le réaménagement de la nationale permettrait un gain de temps similaire", estime-t-il, citant les chiffres de l'association "La voie est libre". Un rassemblement de contestation est d'ailleurs prévu les 21 et 22 octobre dans la zone, et Cyril assure que l'on peut tout à fait imaginer "un nouveau Sainte-Soline".

La colère se ferait entendre "très fortement" si le projet était abandonné, menace Castres-Mazamet

Des positions que ne partage pas du tout Olivier Fabre, vice-président de l’agglomération Castres-Mazamet, alors que le projet a pour but de désenclaver sa zone.

"On ne veut pas que cette autoroute soit remise en cause. Elle a été discutée depuis des années. Si elle devait être remise en cause, je peux vous dire qu'il y a une grande colère qui est en train de monter et qui se ferait entendre très fortement", menace-t-il à notre micro.

Et cet élu a le soutien du gouvernement. "C’est une autoroute pour permettre de la mobilité et garantir la liberté aux habitants", selon le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu. Arnaud Aymé, spécialiste des transports chez Sia Partners, rappelle de son côté l'importance des autoroutes sur le territoire.

"Elles contribuent à la qualité de vie des habitants, notamment ceux qui vont au travail et qui peuvent passer beaucoup de temps sur les routes classiques", insiste-t-il auprès de RMC, notant la démocratisation du covoiturage et du car sur l'autoroute, et qu'ainsi l'autoroute contribuerait, selon lui, à la décarbonation de notre quotidien.

Sept projets menacés

Sept projets d’autoroutes sur de France métropolitaine sont visés par le gouvernement. La plupart de ces projets sont des prolongements d’autoroutes, des liaisons entre deux autoroutes existantes ou des contournements d’agglomération. C’est le cas pour l’A133-A134,le contournement de la ville de Rouen. Tout proche, la liaison A154/A120 est aussi menacée. Il s’agit d’achever l’axe transversal Rouen-Orléans en reliant des morceaux de voie rapide déjà existants et en construisant des déviations à Chartres et Dreux.

Des menaces pèsent aussi pour l’A412 qui doit relier Machilly et Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) appelée aussi Autoroute de la Transchablaisienne. L’amélioration de l’axe Nancy-Metz-Luxembourg appelé A31bis est aussi menacée. Tout comme l’élargissement de l’A63 entre Bordeaux et Arcachon par une autoroute à péage.

Plus à l’est, c’est le contournement d’Arles qui fait débat. L’objectif est d’alléger le trafic sur la RN113. Enfin, beaucoup moins de suspense pour l’A147 entre Limoges et Poitiers qui est déjà presque aux oubliettes.

J.A. et J.-W.-F.