Dénoncer au préfet un proche dangereux au volant: "C’est vraiment moche comme démarche"

Une campagne de la Sécurité routière incite à dénoncer au préfet un proche qui serait dangereux au volant de sa voiture. Une idée qui divise dans "Les Grandes Gueules".

Ne pas hésiter à envoyer un courrier à la préfecture pour prévenir qu’un membre de sa famille ou son entourage n’est plus en mesure de conduire sa voiture sans risque. C’est le message d’une campagne de la Sécurité routière, qui est diffusée dans les médias depuis le 25 novembre. Et ce sont les personnes âgées qui sont principalement concernées par cette potentielle incapacité à prendre le volant.

"C’est vraiment moche comme démarche, estime Joëlle Dago Serry dans Les Grandes Gueules ce jeudi sur RMC et RMC Story. Ça appuie sur les clichés français, la délation, etc. Je ne sais pas comment on peut penser ça, même si on veut protéger les personnes âgées. Ça met la pression sur la famille. Il y a une sorte de conflit de loyauté qui peut s’engager. C’est très aléatoire." Et pour elle, "l’administratif, envoyer le courrier à la préfecture avec le bon tampon, c’est incroyable…". "On veut supprimer des fonctionnaires mais on invente toujours un truc pour qu’il y en ait toujours plus", ajoute la coach de vie.

Les Grandes Gueules du 4 décembre : Antoine Diers, Didier Giraud et Joëlle Dago-Serry - 11h/12h

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"Notre pays croule sous ces conneries"

Un aspect qui provoque la colère de Didier Giraud: "On est encore en train d’inventer une usine à gaz. C’est un truc à la con pour donner du boulot à des gens qui n’ont pas assez à bosser. C’est à ça que ça sert. (…) Tu ne vas pas faire de la délation pour ça. Tu n’as pas besoin d’envoyer un mail au préfet pour faire ça. On en crève! Notre pays croule sous ces conneries."

Mais l’agriculteur estime malgré tout que "c’est un vrai sujet". "A chaque génération, la question se pose, d’autant plus en milieu rural, explique-t-il. Quand le pépé qui va chercher le pain, tu te rends compte qu’il n’y voit plus clair, qu’il a grillé le stop, etc., tu te demandes à quel moment tu lui dis d’arrêter de conduire. Mais le pépé, il est dépendant. Donc c’est à toi d’assumer. Dans ma famille, la question s’est posée à chaque génération. Et mon tour arrive bientôt, parce que j’ai un papa qui a été chauffeur de car, qui a 74 ans, qui a eu son premier accident il n’y a pas longtemps. Je ne dis pas qu’il ne peut plus conduire, mais la question, je suis en train de me la poser."

"Ce sont les médecins traitants qui font ce type de signalement, ça existe déjà"

Pour le consultant Antoine Diers, "il y a beaucoup de familles qui se trouvent dans la situation où elles savent que le pépé ne doit plus conduire, mais elles n’arrivent pas à lui dire". "Elles vont voir le médecin traitant. Et bien souvent, ce sont les médecins traitants qui font ce type de signalement à la préfecture. Ça existe déjà", souligne-t-il. Et comme Joëlle Dago Serry, il est "partisan d’une visite médicale obligatoire pour tout le monde" pour garder le permis de conduire.

Commercial en Moselle, Anthony est lui aussi favorable à l’idée de signaler les conducteurs dangereux. "Moi, mon papa est atteint d’Alzheimer, raconte-t-il. Le problème, c’est qu’il ne le reconnaît pas. Il ne veut pas faire de démarches. Nous, nous avons fait les démarches et le préfet lui a retiré son permis pour des questions de sécurité. Ma maman a toujours une activité professionnelle donc de temps en temps, mon papa se retrouve seul à la maison. Des fois, il prend les clés et il va faire son tiercé en ville en voiture. Il fait 5 km. On a tout fait, mais derrière, c’est ma mère qui s’en prend plein la poire."

Anthony, qui connaît les endroits où son père est susceptible d’aller, a demandé à leurs responsables de le prévenir s’il venait. "Et moi, je le dénonce, j’appelle la police, assure-t-il. Je me dis que la vue du képi va peut-être le faire réfléchir. Je suis pour la dénonciation."

LP