RMC

Petits excès de vitesse: sans retrait de point, la crainte d’un "laxisme généralisé"

Maitre Vincent Julé-Parade, avocat spécialisé dans la défense des victimes d'accidents de la route, dénonce ce jeudi dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story la possible fin du retrait de point pour les excès de vitesse de moins de 5 km/h.

Une amende, mais pas de point en moins. C’est la piste étudiée par le ministère de l’Intérieur pour modifier les sanctions contre les petits excès de vitesse sur la route, de moins de 5 km/h. Si les automobilistes seraient soulagés, les défenseurs de la sécurité routière craignent une décision qui enverrait un mauvais message. "C’est une mesure populiste et surtout totalement électoraliste, dénonce Maitre Vincent Julé-Parade, avocat spécialisé dans la défense des victimes d'accidents de la route, ce jeudi dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story. Si le ministère de l’Intérieur le fait, ce ne sera certainement pas à l’honneur du gouvernement de madame Borne."

"Ce qui est terrible dans cette mesure, c’est que vous remettez en cause le bien-fondé de la règle et surtout la nécessité d’avoir une application stricte de la règle sur la route, ajoute cet avocat. Ça fait 20 ans en France qu’on a enfin réussi à travailler là-dessus. Les radars automatiques et le système de sanctions ont été basés sur le principe qu’il y avait une règle et qu’il fallait l’appliquer. Le gouvernement s’apprête à remettre en cause le fondement même de toute notre politique de sécurité routière depuis 20 ans, qui a fait ses preuves. Concrètement, le message qu’on envoie aux Français avec cette mesure, c’est : ‘Passez, il n’y a rien à voir, vous pouvez commettre de petits excès, ce n’est pas grave’. On ouvre la boite de Pandore, avec un laxisme généralisé."

"Le gouvernement aura la responsabilité de l’augmentation du nombre de tués"

Pour Me Julé-Parade, s’il acte la fin du retrait de point pour les petits excès de vitesse, l’exécutif ne sera plus du tout entendu sur les mesures pour la protection des Français sur la route. "Si cette mesure est adoptée, le gouvernement n’aura plus aucune crédibilité dans les cinq prochaines années à vouloir mener une politique de sécurité routière, estime-t-il. On ne peut pas dire ‘on veut sauver des vies sur les routes’ et la veille des législatives, envoyer un message de laxisme. Dire qu’on supprime le retrait de point pour les petits excès, c’est vraiment céder encore une fois aux sirènes de certains lobbys électoralistes." Et cette mesure risque selon Me Julé-Parade d’avoir pour effet de provoquer plus d’accidents.

"A un moment où les chiffres ne sont pas bons, le gouvernement prend le risque de les voir remonter à la hausse, explique-t-il. Si le gouvernement le fait et si on a une augmentation du nombre de tués et de blessés sur les routes, chacun des membres de ce gouvernement qui aura adopté cette mesure, qui aura été d’accord, c’est-à-dire le ministre de l’Intérieur, la Première ministre et même le président de la République, auront la responsabilité de l’augmentation du nombre de tués."
LP