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Les grévistes SNCF remplacés par des cadres qui "travaillent à la finance ou aux RH" pour 50€ l'heure

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Pour limiter l'impact de la grève, la SNCF a formé des cadres et agents de bureau pour remplacer les contrôleurs grévistes. De quoi inquiéter et énerver les syndicats qui ont appelé à la grève.

La SNCF mise sur ses cadres pour limiter l'impact de la grève des cheminots. La direction a préparé son plan de bataille depuis le dépît des préavis de grève il y a plusieurs semaines. Des cadres et agents de bureau ont été formés pour remplacer les contrôleurs grévistes et auront droit à une prime de 50 euros par heure travaillée dans un train pendant le week-end.

"On a des réservistes, on a des volontaires et ça me semble très normal que des volontaires, qui normalement travaillent à la finance ou aux RH, aient aussi la volonté de savoir quel est notre cœur de métier, et notre coeur de métier, c'est les trains, c'est d'être au contact des voyageurs dans les trains", explique, au micro d'Apolline Matin, Alain Krakovitch, directeur de TGV - Intercités.

Grâce à cette stratégie, la SNCF limite grandement l'impact de la grève. Le trafic sera peu impacté sur les Intercités et 90% des TGV et TER vont circuler ce week-end selon les prévisions de la SNCF. Pourtant, les syndicats estiment à 75% le taux de contrôleurs en grève en moyenne sur les grandes lignes. Le directeur de TGV - Intercités Alain Krakovitch rappelle, de son côté, sur RMC, qu'il "y a deux syndicats sur quatre qui n'appellent pas à la grève."

Une stratégie dénoncée par les syndicats grévistes

Le comportement de la direction est "lamentable", estime le secrétaire fédérail de SudRail Julien Troccaz. "Mettre tous les moyens pour casser la grève, pour essayer d'étouffer la colère des ce cheminots et cheminotes qui se mobilisent depuis le début de la semaine."

"Ils se trompent. Cette stratégie est perdante du côté de la direction de l'entreprise", ajoute-t-il.

Le manque de formation de ces volontaires est notamment pointé du doigt par les syndicalistes. Ils reçoivent une formation express d'une dizaine de jours, contre 4 mois pour les contrôleurs titulaires. En service, ils sont cantonnés aux tâches indispensables pour faire rouler les trains, au détriment de la sécurité, déplore Axel Persson de la CGT: "Ça passe tant qu'il n'y a pas d'incident majeur. En revanche, en cas d'incident majeur, les choses risquent d'être plus compliquées, de par le manque d'expérience de ces encadrants. Les conséquences peuvent être très sérieuses. Personne ne l'espère."

Remplacer les grévistes par des cadres est une pratique légale. Aucun syndicat ne s'est risqué jusqu'à présent à attaquer la direction en justice.

Victor Joanin et Tanguy Roman Clavelloux