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Pour recruter de futurs agriculteurs, le ministère de l'Agriculture lance une compétition E-Sport sur Farming Simulator

"C'EST QUOI LE PROGRES" - Ce lundi, Anthony Morel nous parle de la nouvelle manière de recruter. Le principe se fait grâce aux jeux vidéo. L'objectif est de pallier la pénurie d'agriculteurs.

Plus de 60.000 postes sont à pourvoir dans l’agriculture dont personne ne veut alors qu’un agriculteur sur deux sera en âge de prendre sa retraite dans les 10 ans qui viennent. Autant dire qu’on a un énorme problème. Pour susciter des vocations, tout est bon à prendre, et pourquoi pas le jeu vidéo.

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Alors pas Fortnite évidemment, mais Farming Simulator. Le ministère de l’Agriculture organise dans les jours qui viennent un grand tournoi sur ce jeu qui connaît un grand succès et qui simule dans tous ses détails le métier d’agriculteur. C’est un jeu de gestion. On doit gérer son exploitation agricole, choisir le type de récolte, blé, orge, colza, maïs, acheter une exploitation, en gérer au mieux les ressources, fièrement monté sur un tracteur ou une moissonneuse batteuse reproduit au boulon près. En effet, ce sont plus de 300 véhicules, de vraies marques, sarcleuses, faneuses, moissonneuses qui sont reproduites dans le jeu.

Il faut également vendre ses récoltes pour améliorer son équipement et étendre son exploitation, respecter le cycle des saisons… C’est donc assez technique, et c’est un moyen comme un autre de découvrir le métier d’agriculteur avec un côté étonnamment prenant.

Des secteurs différents

Le jeu, édité par les Français de Focus Home, connaît un vrai succès et a une grosse communauté de fans, y compris chez les agriculteurs eux-mêmes. Comme FIFA, il en sort une nouvelle édition chaque année depuis 12 ans, et il s’en vend plusieurs millions. Il existe déjà des compétitions Esport sur ce jeu, où il faut moissonner un champ en équipes le plus rapidement possible. Le but, c’est de faire en sorte que certains de ces fermiers virtuels, qui passent cinq heures par jour à moissonner virtuellement, aillent tenter d’assouvir leur passion pour de vrai et en fassent leur métier. Passer du tracteur virtuel au tracteur réel.

L’agriculture, c’est une chose, mais plus largement, les entreprises s’intéressent de plus en plus aux jeux vidéo comme méthode de recrutement.

C’est souvent plus parlant qu’une lettre de motivation stéréotypée. Certaines grandes entreprises organisent des sessions de recrutement basées sur des compétitions d’esport. Ils y cherchent des “soft skills” comme l’esprit d’équipe, l’audace, la stratégie, la créativité, la rapidité dans la prise de décision, l’esprit de compétition. Quand vous jouez à League of legends par exemple, jeu de stratégie en équipe, il faut se coordonner parfaitement avec ses partenaires, prendre le lead à certains moments, s’adapter à chaque instant à ce que fait l’adversaire.

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Certaines entreprises, comme McDo, ont mis en place une plateforme de recrutement sur laquelle le CV est facultatif. Il est remplacé par des jeux vidéo cognitifs qui testent la concentration, la mémorisation et l’adaptation. Une méthode qui a connu un énorme succès auprès des étudiants. Et ça n’est pas valable que pour le fast-food. La banque américaine JP Morgan fait la même chose pour dénicher des stagiaires prometteurs.

Le jeu vidéo est aussi un moyen pour ceux qui recrutent de toucher un public plus jeune. En plein confinement, l’armée américaine, pour continuer à trouver de jeunes recrues, a carrément créé des équipes d’esport qui diffusent leurs parties en direct sur Twitch et en profitent pour discuter avec de potentielles futures recrues et les inciter à s’enrôler. Une méthode qui a d’ailleurs généré une polémique aux Etats-Unis.

Peut-on mettre qu’on pratique les jeux vidéo sur son CV?

C’est même conseillé par les experts en recrutement. Mais en le faisant bien. En effet, il faut faire le lien entre le jeu vidéo et la vie en entreprise. Manpower, le géant de l'intérim, a mis en ligne un “gaming skills translator”, censé permettre de transposer les compétences acquises en jouant aux jeux vidéo en compétences professionnelles. On vous demande vos jeux favoris, combien de temps vous jouez par semaine, votre niveau d’expertise, et en fonction de ça, on vous donne des éléments à ajouter sur votre CV.

Moi par exemple apparemment, en jouant à Hearthstone et Lol, mes compétences acquises en jeu sont transposables comme capacité à analyser la réaction des autres, force de conviction et capacité à donner la priorité à la qualité de service. Et on me propose de travailler dans l’hôtellerie restauration. Peut-être un bon plan de reconversion.

Guillaume Descours