Airbnb, qui agace les hôtels et les riverains, devant la justice: "C'est de l'hôtellerie déguisée"

Airbnb a rendez-vous avec la justice. La plateforme de location d'appartements et de chambre est devant le tribunal de commerce de Paris ce vendredi après une plainte du premier syndicat hôtelier, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), pour concurrence déloyale.
L'Umih reproche à Airbnb de ne pas respecter les réglementations en vigueur, de détourner illicitement une partie de la clientèle des hôteliers, et de créer une rupture d’égalité concernant la collecte de la taxe de séjour, au détriment des collectivités locales.
L'hôtellerie grogne face à la multiplication des appartements loués sur la plateforme. À Paris, on recense entre 25.000 et 30.000 logements sur Airbnb. L'un des quartiers les plus touchés: le Marais, dans le centre de la capitale.
"Facilement 200 euros la nuit"
Dans un immeuble de six étages de ce quartier historique, 70% des logements sont sur la plateforme américaine. "Il y a trois personnes que je croise régulièrement, les autres ce ne sont que de nouvelles têtes en permanence", déplore Thibault, un habitant, au micro de RMC. Il a parfois le sentiment de vivre dans un hôtel: "Dans le hall, il y a un compteur électrique et il y a deux, trois boîtes à clé dont une fixée avec un cadenas sur un barreau. Les appartements se louent facilement 200 euros la nuit".
C'est ce qu'a payé Ifa, une Irlandaise venue visiter Paris pendant trois jours et qui ne voulait surtout pas aller a l'hôtel: "Il n'y a pas une énorme différence de prix mais on préfère AirBnb. On aime les appartements, on se sent plus libre et on peut cuisiner. En plus, c'est moins guindé qu'un hôtel".
D'autres procès
À quelques pas de là, Philippe Bidal, dans son hôtel, croise des touristes lui demandant s'ils peuvent laisser leurs valises: "On leur dit non". Une petite provocation de plus dans un contexte, selon lui, de concurrence déloyale avec Airbnb: "Depuis qu'il y a Airbnb, on travaille moins bien. Ils ne sont pas tenus aux mêmes mesures de sécurité que nous. Airbnb, c'est de l'hôtellerie déguisée", tacle-t-il.
L'Umih souhaiterait que les séjours de courte durée soient désormais exclusivement réservés aux hôtels.
Avant Paris, un procès s'est ouvert il y a une semaine devant le tribunal de commerce de Lisieux. Les hôteliers de la ville accusent eux aussi Airbnb de concurrence déloyale et lui réclament 9,2 millions d’euros de dédommagement.