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Des bijoux contre de l'argent pour "payer ses factures et manger": les prêts sur gage en forte hausse

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Dans un contexte d’inflation toujours aussi féroce, les prêts sur gage connaissent un regain de popularité depuis 2021. Mais qui sont ces Français qui optent pour ce type de crédit unique en son genre? Quelles sont les raisons qui les poussent à gager leurs biens? Enquête RMC.

Pour faire face à l'inflation, de plus en plus de Français font des prêts sur gage. Un bien, un bijou ou un bibelot contre de l'argent, pour payer des factures, un plein d'essence ou des courses. Dans toute la France, des crédits municipaux enregistrent des demandes en hausse. C'est notamment le cas à Rennes (Ille-et-Vilaine), avec une augmentation de 23% des procédures de prêts sur gage en un an.

A Lyon (Rhône), où l’on observe là aussi une hausse des demandes de prêts sur gage à hauteur de 15% par rapport à janvier 2021, plus de 150 personnes fréquentent quotidiennement le bâtiment abritant le crédit municipal. Mais peu d’entre elles veulent bien s’exprimer publiquement. Une dame accepte toutefois, en restant anonyme. Elle a déposé des bijoux ici après des difficultés financières.

“Il faut beaucoup de moyens pour s’en sortir. C’est compliqué”, explique cette femme, d’une petite voix. Malgré son travail, il reste très difficile pour elle de boucler les fins de mois. Alors, avec les 1.500€ récupérés dans cette opération de prêt sur gage, elle explique qu’elle va pouvoir "payer ses factures et payer à manger", des choses essentielles à une vie relativement normale.

Selon la responsable du service de prêt sur gage du crédit municipal de Lyon, Christine Apréa, le profil des demandeurs a évolué avec le temps. Un peu plus de personnes âgées, mais aussi "des étudiants qui ont des difficultés réelles": "Ils ne viennent pas déposer des bijoux, mais ça va être plutôt un vélo, un ordinateur… Ce genre de choses où on voit que la réalité est très dure”.

De l’autre côté de la France, à Nantes (Loire-Atlantique), le son de cloche est relativement similaire. "On touche toutes les couches de la population", explique dans "Apolline Matin" sur RMC Jean-François Pilet, directeur général du Crédit municipal de Nantes, qui affirme avoir observé une hausse des demandes de crédits de 11,5%. "La clientèle est assez variée, mais plutôt féminine. On prête beaucoup sur des bijoux et entre 45 et 50 ans", estime-t-il.

Un prêt express, remboursé par "90%" des demandeurs

Mais au fait, comment un prêt sur gage fonctionne-t-il et pourquoi est-il de plus en plus populaire?

Le premier atout majeur de ce dispositif est que le prêt est accordé sans condition, et les taux d'intérêts sont bien plus bas que ceux des banques. Dans les faits, une personne va donc se diriger vers un crédit municipal afin d’y faire évaluer le bijou (ou tout autre objet de valeur) qu’elle veut prêter contre de l’argent. Une fois le prix estimé, le créancier va alors prêter "autour de 80% de la valeur du bijou", explique Jean-François Pilet. "Ensuite, vous avez six mois, sur un contrat qui peut être renouvelé et porté jusqu'à deux ans, où vous pouvez rembourser (avec des intérêts) le prêt et retrouver l’objet", précise-t-il.

Pour ce qui est des taux d’intérêts à rembourser, le directeur général du Crédit municipal de Nantes rappelle que ceux-ci varient en fonction des tranches de prêt. "On commence avec une offre sociale où on a des prêts à 0%, (...) et surtout ça reste un service très rapide", expose Jean-François Pilet.

“En quelques minutes, vous venez au guichet, on apprécie la valeur de l’objet et ensuite on vous propose un prêt. L’expertise est gratuite, donc il ne faut vraiment pas hésiter à pousser la porte pour avoir une idée de ce qu’on peut faire avec l’objet que vous avez en votre possession", affirme Jean-François Pilet.

Le directeur du crédit municipal nantais explique d’ailleurs qu’environ "90% des gens remboursent les prêts qui nous sont confiés, donc c’est vraiment fait pour être un coup de main ponctuel sur une difficulté passagère".

Il rappelle toutefois que si le prêt ne peut être remboursé, in fine, par le client, alors l’obejt sera mis en vente aux enchères pour rembourser le prêt. "On rembourse le prêt grâce au produit de la vente, et comme on a été prudent en prêtant un peu moins que la valeur de l’objet, généralement il y a un bénéfice au moment de la vente. Ce bénéfice va alors revenir à l’emprunteur initial".

Alexis Lalemant avec Vincent Chevalier