Le "name and shame", une technique efficace pour forcer les industriels à baisser les prix?

Nommer les marques qui pratiquent des prix très élevés pour les discréditer. C’est l’objectif du “name and shame”, une technique que menace d’utiliser le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, contre les industriels de l’alimentaire qui ne veulent pas retourner à la table des négociations.
Chez certains consommateurs, la pratique a déjà commencé. Dans son supermarché, il y a des rayons où Fanny ne met plus les pieds. “J’ai décidé de renoncer à certaines marques”, indique-t-elle. Cette mère de famille tient désormais une liste noire qui ne cesse de s'allonger.
“Apéricube, on est à plus de 5 euros alors qu’avant, on était à 3 euros et quelque. Les Danette, avant ça coûtaient 1 euro, maintenant c’est 1,15 euros”, dénonce-t-elle.
Elle se rabat donc sur les marques distributeurs. Pour elle, c'est une décision contrainte, mais d'autres renoncent à ces produits trop chers par choix, comme Marie-Flore, auto-entrepreneuse. “Même si je peux me les offrir, je refuse de jouer le jeu de prix aussi chers”, assure-t-elle.
"Ce n’est pas en étant dénoncé qu’on va baisser ses prix"
Pourtant, dénoncer publiquement les entreprises qui ne baissent pas leur prix, comme l'envisage Bercy, n'aurait qu'un impact limité d'après Philippe Goetzmann, spécialiste de la grande consommation.
“Le problème, c’est que les groupes alimentaires, leur sensibilité par rapport au ‘name and shame’ en France, qui n’est qu’une part de leur marché, n'est pas forcément évidente. Ce n’est pas en étant dénoncé qu’on va baisser ses prix. C’est seulement si les conditions de marché donnent un intérêt à le faire”, appuie-t-il.
La meilleure solution pour faire baisser les prix d'après cet expert, c'est que les industriels puissent négocier leurs tarifs tout au long de l'année et non pas une fois par an, comme c'est le cas actuellement.