Négociations commerciales: pourquoi elles se tiennent de plus en plus hors de la France

Le gouvernement a donc décidé d'avancer les dates de négociations commerciales entre les industriels et les distributeurs. Mais il n'est pas certain que cette mesure permettra d'accélérer la baisse des prix, car ces négociations se tiennent de plus en plus à l'étranger, dans des centrales d'achat européennes.
Elles s'appellent Eurelec, Everest, Epic et Eureca, et derrière ces noms inconnus du grand public se cachent des pratiques qui ont bouleversé les rapports de force dans l'agro-alimentaire. C'est Leclerc qui a ouvert la voie dès les années 2000 en s'alliant avec le géant allemand Rewe dans une centrale d'achat basée en Belgique. Depuis, les autres distributeurs ont suivi: Carrefour en Espagne et Système U aux Pays-Bas.
La loi française contournée
Ces centrales d'achat européennes pèsent de plus en plus lourd dans les négociations commerciales. Une enseigne y achète 80% de ses marchandises aux multinationales, des marchandises qui finissent par garnir les rayons des supermarchés en France. Pour les distributeurs, l'intérêt est clair: imposer aux gros fournisseurs des baisses des prix grâce à des achats groupés, mais aussi, regrettent leurs détracteurs, échapper à la loi française, qui est plus contraignante, car plus protectrice des agriculteurs.
Bercy a tenté de mettre fin à ce contournement de la loi, avant de faire retoquer l'année dernière par le droit européen. Et aujourd'hui, c'est le député de la majorité Frédéric Descrozaille qui compte saisir la répression des fraudes.