La mobilisation contre la réforme des retraites s'essouffle-t-elle?
Au quatrième jour de grève cette semaine, c'est toujours l'une des priorités des syndicats: faire de la lutte contre la réforme des retraites un mouvement reconductible. L'idée, c’est de frapper les secteurs clefs comme les transports, l'éducation, l'énergie pour faire pression sur le gouvernement.
Pourtant, cette stratégie commence à montrer quelques signes de faiblesse. Et même dans des secteurs pourtant d’habitude fortement mobilisés. La grève a par exemple été mise en pause à la RATP. Un tournant dans la stratégie des syndicats.
"L’aspect financier entre en ligne de compte comme pour tous les salariés français. Ceux de la RATP en sont à leur 7e jour sans rémunération donc ça commence à peser dans le portefeuille. On est en période d’inflation en plus. La moitié des salariés, je pense notamment aux chauffeurs de bus, ont fait grève du mois de septembre jusqu’au mois de décembre dernier. Donc ça a quand même laissé des traces qui sont extrêmement importantes. Et là, on voit bien que c’est par des manifestations, par l’unité syndicale, par l’unité des Français, qu’ils soient du secteur privé ou public, qu’on gagnera", appuie Jean-Christophe Delprat, secrétaire fédéral FO Transports RATP.
Les grèves perlées, un impact trop faible?
Parmi les autres secteurs où pointe un certain essoufflement, l’énergie. Dans certaines raffineries, les blocages ont été levés, comme à Port-Jérôme (Normandie). Il y a également moins de grévistes chez les éboueurs parisiens.
Difficile alors de lancer des mouvements dans d’autres secteurs. Dans la fonction publique, la mobilisation se heurte au pouvoir d’achat. Dans l’éducation, certains veulent durcir le mouvement, mais adoucissent le discours pour préserver l’union intersyndicale qui a, pour l’instant, privilégié les grèves perlées. Et c’est peut-être une erreur selon Sylvain Boulouque, historien spécialiste des mouvements sociaux.
“L’autre solution aurait peut-être été de, dès le départ, lancer un mouvement qui soit plutôt plus massif, plutôt que quelque chose de perlé qui semble ne pas aboutir. D’autant plus qu’en face, le gouvernement et le chef de l’Etat se montrent relativement inflexibles”, indique-t-il.
Les organisations espèrent trouver un second souffle à l’occasion des deux prochaines mobilisations, ce samedi et mercredi prochain.