Droits de douane: qu'est-ce que le délit d'initié, dont Donald Trump est accusé ?

Le président américain est accusé par plusieurs élus d'opposition d'avoir manipulé les marchés boursiers mercredi. Il aurait donc, selon eux, commis un délit d'initié. Voici ce que c'est concrètement.

À quoi joue Donald Trump ? Le président américain est accusé par des élus démocrates d'avoir volontairement manipulé les marchés en encourageant à acheter des actions en bourses quelques heures avant de suspendre pour 90 jours les droits de douane, mercredi 9 avril.

En effet, peu après 19 h, le président américain a dit qu'il suspendait pour tous les pays sauf la Chine, les surtaxes douanières qui étaient entrées en vigueur plus tôt dans la journée. Quelques heures avant, il avait écrit sur son réseau social TruthSocial "C'est le moment d'acheter".

Le président américain a donc incité à acheter alors que les valeurs boursières étaient au plus bas, puis il a annoncé une mesure qui les a propulsées au plus haut. Pour certains élus d'opposition, il n'y a pas de doute, Donald Trump a commis un délit d'initié.

Qu'est-ce que le délit d'initié ?

Concrètement, le délit d'initié, intervient lorsqu'une personne utilise des informations secrètes ou privilégiées dont il dispose, afin que lui-même ou d'autres personnes, puissent réaliser des opérations pour gagner de l'argent en bourse. Est-ce le cas ou pas dans cette situation ? On l'ignore pour le moment, seule une enquête pourra officiellement le déterminer.

Ce qui "peut sembler surprenant pour les observateurs, c'est que cette décision, qui a eu un impact massif sur les marchés, a été annoncée alors que les marchés américains étaient ouverts", a estimé, ce jeudi, Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur, invité dans le Face à face sur RMC et BFMTV. Il a ajouté: "Généralement, lorsqu'on fait une annonce dont on sait qu'elle va avoir un impact sur les marchés, on attend que ceux-ci soient fermés."

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement"

Le président a-t-il fait ça volontairement ou non ? Ce qui est sûr, pour Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush, c'est que "les présidents ne sont pas des conseillers en investissement".

Pour rappel, après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Astrid Bergere