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Guerre en Ukraine: les entreprises françaises pas pressées de quitter la Russie

Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, Emmanuel Lechypre a expliqué la situation des entreprises françaises en Russie.

Une semaine après le déclenchement de l'invasion russe en Ukraine, peu de grandes entreprises françaises ont annoncé leur intention d'arrêter leur activité en Russie, en dehors de fermetures "temporaires" de boutiques dans le luxe, tandis que le gouvernement français dose prudemment ses messages.

Le gouvernement invite les groupes français à ne pas quitter la Russie dans la précipitation. C’est le message qu’a fait passer le gouvernement aux entreprises lors d’une rencontre entre Emmanuel Macron, plusieurs ministres et une quinzaine de grands patrons du CAC 40 vendredi. Un message plus prudent que celui délivré par d’autres gouvernements.

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"Accompagner les entreprises"

Le message est plutôt "d'accompagner" les entreprises exposées aux répercussions du conflit et aux sanctions imposées à la Russie, affirmait le ministre au Commerce extérieur Franck Riester mardi à l'issue d'une réunion avec une soixantaine d'entreprises et de fédérations professionnelles.

Et c’est vrai que le mouvement de retrait est plus timide en France qu’ailleurs. Les britanniques BP, Shell et Land Rover, les américains Exxon Mobil, Disney, Microsoft, Meta, l’allemand Daimler Truck, le norvégien Equinor, les suédois Volvo, Ikea, H&M … ont annoncé leur retrait. 

En France, les grands groupes de luxe commencent à tirer le rideau, le Guide Michelin, également, mais ce sont pour l’instant presque les seuls. 

Comment expliquer cette prudence ? Par la spécificité des intérêts français en Russie. La France n’est pas le pays qui exporte le plus vers la Russie, la France n’est pas le pays qui dépend le plus du pétrole et du gaz russe mais la France est le pays occidental le plus présent en Russie, le plus gros employeur (170.000 personnes), et le deuxième plus gros investisseur étranger en Russie, puisque presque tout le CAC 40 est présent.

Et c’est plus compliqué de revenir une fois qu’on est parti, qu’on a laissé ses usines, ses magasins, ses agences bancaires, toute son organisation sur place que de recommencer à exporter quand on a juste gelé les échanges commerciaux.

Une position difficilement tenable

Il va devenir compliquer de tenir cette position. Pour des questions d’images d’abord, le coût du maintien de la présence en Russie pourrait coûter cher aux grandes marques françaises dans le monde entier. 

Pour des questions logistiques ensuite. Il y a d’abord l’approvisionnement, en pièces détachées par exemple pour l’automobile. Sans oublier que c'est en rouble que les entreprises sont payées, une monnaie qui n'est désormais plus convertible et qui s’est effondré.

Pour des raisons politiques enfin. Le gouvernement russe a prévenu: si vous restez on vous aidera, mais si vous partez, on va sérieusement vous compliquer la vie.

Emmanuel Lechypre