RMC
International

"Une réponse à la hauteur": les Écologistes veulent que la Marine livre de l’aide humanitaire à Gaza

placeholder video
Les Ecologistes demandent à Emmanuel Macron, dans une tribune, de déployer la Marine nationale pour apporter de l'aide humanitaire à Gaza. Pour l'eurodéputé EELV David Cormand, invité sur RMC, il y a urgence.

"La Marine nationale française doit apporter de l'aide humanitaire par la mer à Gaza". Voilà ce que réclament les Ecologistes. Dans une tribune publiée ce week-end sur le site internet de La Tribune dimanche, plusieurs visages du parti dont Marine Tondelier, la patronne du groupe, lancent cet appel directement au président de la République, pour répondre "à l'urgence et la gravité de la situation".

Les Ecologistes réclament que ces bateaux soient déployés "sur les côtes de Gaza" pour fournir "des vivres, des médicaments, et des produits de première nécessité". Ils en appellent "solennellement" au président Emmanuel Macron.

"Si vous n'agissez pas, vous êtes complice. Complice du génocide, des enfants affamés, des milliers de morts faute de soins, d'un peuple massacré. Votre inaction restera dans l'histoire", peut-on lire dans la Tribune.
Le choix de Sébastien : David Cormand - 04/08
Le choix de Sébastien : David Cormand - 04/08
9:36

Plus d'infrastructure portuaire

Mais cette proposition se heurte à d'importantes difficultés. Des bateaux de la Marine nationale, au large de Gaza, en théorie c'est possible. La France a déjà déployé des porte-hélicoptères médicalisés. En effet, en novembre 2023, la France a envoyé le Tonnerre et le Dixmude, deux porte-hélicoptères amphibies afin de soulager les hôpitaux de Gaza. "Cette opération doit être répétée et amplifiée", demandent les députés dans La Tribune Dimanche.

En revanche, pour de l'aide humanitaire c'est bien plus compliqué. L'aide, il faut pouvoir la décharger et donc accoster dans l'enclave. Or, il n'y a plus d'infrastructure portuaire. L'an dernier, les Etats-Unis ont installé un embarcadère temporaire, autour de 300 millions d'euros, mais seulement quelques tonnes d'aide ont été distribuées et il a très vite été mis hors service.

"Seule l’ouverture immédiate des points de passage terrestres permettra un acheminement massif", réclamait encore ce week-end le ministre des affaires étrangères Jean-Noël Barrot. Alors que 6.000 camions humanitaires sont bloqués aux portes de Gaza par Israël. En attendant, la France, comme d'autres, effectue quelques largages par les airs, 40 tonnes soit l'équivalent d'à peine 2 camions.

Des "moyens logistiques solides"

Pour l'un des signataires de la tribune, l'eurodéputé écologiste David Cormand, invité sur RMC, "c'est une population soumise à une pression extrêmement dure et des massacres, on est dans une phase où il s'agit d'affamer ces populations". Il y a donc urgence d'agir.

Et cela veut dire "envoyer des moyens logistiques solides", car "c'est l'une des capacités de l'armée de pouvoir faire ça". L'objectif est simplement "d'avoir une réponse humanitaire à la hauteur des besoins", alors qu'aujourd'hui "il y a 2 millions de Palestiniens entravés, dénués de tout, de nourriture, de soins médicaux".

Comme il le rappelle, les écologistes ne souhaitent pas, à travers cette tribune, mettre en cause l'État français. Ils reconnaissent même les avancées: "même si c'est tardif, le président a annoncé il y a quelques jours la reconnaissance de la Palestine en tant qu'État au mois de septembre".

Alors, leur propos est de dire que "dans la situation dans laquelle nous sommes, la France dispose de moyens logistiques pour pouvoir intervenir", par ailleurs "Gaza n'est pas un territoire israélien, il s'agit là de venir en aide à une population".

Une "aberration"

"Le plus compliqué c'est de laisser faire un génocide en cours. C'est une situation assez inédite, sous les yeux du monde on voit une population qui est en train d'être affamée, décimée", déplore David Cormand.

Donc, selon lui, envoyer la Marine française sur les côtes de Gaza, c'est "mettre une pression sur l'État israélien, le mettre en demeure de devoir agir, de laisser passer les vivres". Et cela pourrait permettre de débloquer l'aide humanitaire stockée notamment en Egypte. "C'est une aberration que depuis des mois, des centaines de tonnes de vivres soient bloqués par le gouvernement israélien", ajoute-t-il.

"L'enterrement de la justice internationale"

Et la France n'est pas la seule à pouvoir agir, comme il précise: "Les moyens on les auraient, il y a un accord d'association entre l'Union européenne et Israël. Et aujourd'hui, il n'y a pas de majorité nécessaire pour remettre en question cet accord", et puis il y a aussi "la possibilité de bloquer la livraison d'armes au gouvernement israélien".

"En plus du massacre de la population, c'est l'enterrement de la justice internationale. Parce que quand on prétend que le droit international s'applique à tous, il doit être suivi d'effets", souffle-t-il.

En tout cas, il veut des réactions, et vite. Ce serait donc déjà une première étape pour "sauver la population palestinienne", même si cela doit se faire graduellement, dit le député. Et si personne n'agit, "je ne sais pas comment, dans les années qui viennent, on pourra se regarder en face par rapport à ce qui est en train de se passer".

Solenn Guillanton avec Cyprien Pézeril