"Des résultats exceptionnels": à Marseille, la préfète de police assume la lutte contre les trafics

Trois morts sont à déplorer ces dernières 48 heures à Marseille (Bouches-du-Rhône), tous liés directement ou indirectement au trafic de drogue. Dont une victime qui n'avait rien demandé, touchée en plein visage alors qu'elle révisait tranquillement chez elle au 3e étage d'un immeuble du quartier Saint-Thys dans le 10e arrondissement. Socayana, 24 ans, a été mortellement atteinte par une rafale de kalachnikov tirée à l'aveugle près d'un point de vente de drogues.
La mère de Socayana a témoigné de son émotion ce mercredi dans Le Parisien et dénonce une insécurité croissante. "On appelle la police, mais quand elle vient, c’est pour un petit tour. La violence vient pourtant de gens qui sont là tous les jours et qui me font peur. (...) On n’est pas en sécurité, on a peur tout le temps. Les policiers eux-mêmes ont peur", lance-t-elle au quotidien.
Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, assure sur RMC qu'elle "comprend" cette colère, mais assure que les résultats de la lutte contre le trafic de drogue sont bons.
"On peut comprendre l'émotion de cette mère. C'est très difficile de dire quoi que ce soit par rapport à cette émotion, ça peut paraître très dérisoire", concède-t-elle dans "Apolline Matin" ce mercredi.
"Ce que nous faisons crée aussi une instabilité dans le système des trafiquants"
Elle assume en revanche le "coup de pied dans la fourmillère" intenté par les pouvoirs publics.
"Il y a un choix qui a été fait à Marseille de faire de la lutte contre le trafic de drogue une priorité. Nous avons des résultats du point de vue des interpellations et saisies qui sont exceptionnels. Mais ce que nous faisons crée aussi une instabilité dans le système des trafiquants, car tous les jours la police intervient dans les quartiers et pilonne les points de deal", illustre-t-elle.
Elle qualifie ce choix de "courageux" et estime qu'il faut "poursuivre dans cette direction".
"Il faut continuer à fermer ces supermarchés de la drogue et continuer à pilonner les consommateurs qui, par l'argent qui sort de leur poche, financent ces crimes", juge-t-elle, reprenant la rhétorique du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur la responsabilisation des consommateurs.
800 armes saisies, dont 67 fusils d'assaut, depuis le début de l'année
Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, assure que la lutte contre les trafics passe aussi par la lutte contre les fillières illégales de ventes d'armes. Et estime que la pacification des quartiers gangrénés par le trafic de drogue passera par des mesures de long terme.
"On voit que la violence est débridée, c'est pour cela que nous nous attaquons aussi au trafic d'armes. On n'en a jamais saisi autant à Marseille: 800 depuis le début de l'année, dont 67 fusils d'assaut", salue-t-elle.
"Mais si on veut des résultats plus durables, c'est aussi plein d'autres choses qu'il faut faire sur le plan de l'emploi, de l'école, des transports et des perspectives économiques à donner à tous ces jeunes qui basculent dans le trafic. Et c'est le sens de l'approche globale du plan 'Marseille en grand'", explique-t-elle.