DZ Mafia, les Blacks, clan Yoda... Les gangs marseillais de la drogue font régner la terreur

Un tueur à gages de 14 ans, un ado tué à 15 ans, un conducteur de VTC victime innocente... A Marseille, les organisations criminelles du narcotrafic multiplient les méfaits. Qui sont ces gangs?
DZ Mafia
DZ pour Algérie. Dzaïr, l'abréviation du pays comme FR pour la France. Ce groupe est apparu au début des années 2010 mais a déjà fait couler beaucoup de sang à Marseille. Son activité se diversifie: le narcotrafic donc, mais aussi le trafic d’armes, le kidnapping, des contrats d’assassinat, du racket...
Quand le rappeur SCH et son entourage étaient visés par des tirs mortels cet été, l’enquête se tournait rapidement vers la DZ Mafia, justement.
Le directeur national de la police judiciaire parle aujourd’hui d’un système de franchise qui attire des jeunes. Et qui recrute sur les réseaux. A l’origine, le groupe criminel opère depuis la cité de la Paternelle, dans les quartiers nord. Mais on relève déjà des implantations à Avignon, Nîmes, Sète, Valence… et même Rennes ou Toulouse.
Une organisation mafieuse. Des chefs, des sous-chefs, des réseaux. Le patron et fondateur de la DZ Mafia, Mehdi Abdelatif, est toujours recherché. A priori, la DZ Mafia tient le commerce de stupéfiants à Marseille. A priori… En tous cas, depuis la chute du Clan Yoda.
Clan Yoda
Yoda, du nom du personnage de la Saga Star Wars, reproduit sur les points de deal. Façon franchise. Le chef, Felix Bingui, dit le Chat, a été arrêté l’an dernier. Ce qui a mis fin à des règlements de comptes et affrontements entre les deux groupes.
A l’origine de la rivalité, peut-être une bagarre de boîte de nuit en Thaïlande, suivie d’un reflexe de vengeance bien mafieux. Puis on se dispute bien sûr les points de deal, les zones de chalandise comme on dit dans le commerce. La rivalité fera au moins 35 morts en 2023. L’essentiel des règlements de compte de la cité phocéenne.
Les Blacks
Un autre groupe vient s’ajouter à l’équation: le clan des Blacks. Avec des tensions sur un point de deal, comme le rappelait dimanche le procureur de la République de Marseille: "Il y a un conflit opposant dans le 3e arrondissement la DZ Mafia et le clan dit des "Blacks" de la cité Felix-Pyat pour la prise de contrôle du point de deal du Moulin de Mai", expliquait-il.
Les Blacks ne sont pas un nouveau gang, mais une organisation dormante, lorsque ses patrons étaient en prison. Ils sont déjà connus des forces de l’ordre, et de la justice. Ils opéraient dans les années 2000, contre le clan des "Gitans" à l’époque. Aujourd’hui, les Blacks sont de retour.
Tueries sanglantes et vengeances préventives
Les gangs, les clans, les mafias… On n’est pas dans un film d’Olivier Marchal, c’est la vraie vie. Des règlements de compte à l’arme lourde et des narco-bénéfices en dizaines de millions d’euros.
Les Blacks sont dirigés par des frères issus de la communauté comorienne, les frères Ahamada. Le patron, l’aîné, se fait appeler le Sénateur. Il est sorti de prison en mai dernier et pourrait vouloir retrouver son rang.
Le procureur dénonçait aussi la sauvagerie de ces tueries. Des tueries sanglantes, des vengeances préventives: on tue celui qui pourrait vouloir nous tuer. Des gamins embauchés pour quelques centaines d’euros par jour, pour le trafic. Plus cher pour le meurtre.
Un de nos auditeurs a d'ailleurs vu son petit frère de 15 ans à peine tomber aux mains de ces mafieux et en témoignait avec émotion et clarté ce lundi sur RMC, dans les GG.
L’ancien patron de la police judiciaire marseillaise parlait dès 2021 de triptyque mortel entre "sorties de prison, jeunes aux dents longues et trahisons".