"On n'en peut plus": contre la délinquance, les mères demandent à l'Etat d'agir face aux pères absents

Où sont les pères de famille? Six jours après la fusillade en plein jour à Rennes qui a fait 4 blessés, la ministre en charge de la ville Juliette Méadel, a clamé sa volonté de venir en aide aux mères de familles, trop esseulées face à la violence de certains quartiers: "Il faut lutter contre ce que les enfants vivent tous les jours. Il faut soutenir les mères, mais où sont les pères de ces enfants victimes du trafic?", a-t-elle interrogé mardi.
"Ce sont les femmes qui tiennent les quartiers, assument toutes les responsabilités et j'ai engagé des mesures financières et humaines pour les soutenir", a promis la ministre.
Même son de cloche du côté de Fatimata Sy, présidente du collectif des Gilets roses, une équipe de seize mères de familles qui patrouillent dans les cités de l'Essonne pour apaiser les tensions. Et à l'approche de l'été, elle appelle les pères de famille à venir les épauler: "On est seules sur le terrain. On a eu quelques papas avec nous sur le terrain pendant les émeutes mais c'était la seule fois. Il faut que l'Etat responsabilise le père quand il y a une séparation", appelle-t-elle au micro de RMC.
"Les mères sont les seules à porter les responsabilités quand ça ne va pas"
"La question c'est surtout de savoir pourquoi les pères sont absents", renchérit ce jeudi sur le plateau d'Apolline Matin, Régine Komokoli, élue du canton de Rennes et cofondatrice du collectif Kunet. Elle réclame une politique sur l'engagement des pères.
"L'argent des pensions alimentaires ne suffit pas, il faut une présence et une coparentalité pour les enfants. Aujourd'hui, il n'y a aucune obligation légale pour les pères de s'occuper des enfants, ils ne s'engagent à rien", poursuit Régine Komokoli, mère de 3 filles et qui vit depuis 20 ans dans le quartier Villejean où a eu lieu la fusillade.
"C'est intériorisé dans la société et les mères sont les seules à porter les responsabilités quand ça ne va pas", ajoute-t-elle.
Pour inverser la tendance, les mères de familles organisent des repas pour occuper l'espace public, des glanages aux marchés et tentent d'interpeller les jeunes "en grande souffrance sociale, attirés par les réseaux sociaux et l'argent facile".
"On vient souvent d'ailleurs, on veut le meilleur pour nos enfants, pas les voir mourir ou aller en prison. Les balles, les fusillades, on n'en peut plus, arrêtez, vous nous tuez et vous vous tuez ", conclut Régine Komokoli.
Retailleau veut des courtes peines de prison
Invité de RMC-BFMTV, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau assure "ne pas pouvoir combler la déficience des pères".
"Je ne peux que restaurer l'autorité et la solution, c'est une révolution pénale. On les enferme dans des parcours de violence parce qu'on ne veut pas les sanctionner", assure-t-il.
Il en veut pour exemple le cas d'un adolescent mineur à Nantes, qui aurait fait, de 13 à 17 ans, 89 victimes et commis 141 infractions: "Il faut faire tomber les courtes peines de prison dès les premiers délits graves comme le font les Pays-Bas, dans des prisons où il n'y a pas de narcotrafiquants", explique Bruno Retailleau.