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Trafic de drogue, règlements de comptes: "Le crime organisé est plus risqué que le terrorisme"

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Les homicides liés au trafic de drogue et au crime organisé se multiplient. Les villes moyennes ne sont plus épargnées. Pour Christophe Korell, ancien enquêteur de la police judiciaire aujourd'hui analyste pour le ministère de la Justice, le crime organisé est un plus gros risque que le terrorisme.

Règlements de compte, assassinats ciblés: les violences du crime organisé et notamment des narcotrafiquants explosent en France. Si on évoque souvent Marseille ou la région parisienne, aucune ville en réalité n'est épargnée. Le narcotrafic et la violence qui en découlent sont partout.

"Les villes moyennes sont des marchés pour vendre des stupéfiants et qui dit marché, dit concurrence", prévient ce lundi sur RMC et RMC Story Christophe Korell, ancien enquêteur de la police judiciaire, désormais analyste pour le ministère de la justice et auteur de Le crime organisé en France : le comprendre pour mieux le combattre".

Trois morts en quelques jours

Ces derniers jours, plusieurs personnes ont été tuées en marge du trafic de drogue. Un jeune de 15 ans est mort à Poitiers, tandis qu'une personne a été tuée à coups de couteau à Rennes près d'un point de deal. La ville de Valence, dans la Drôme, a été le théâtre d'une fusillade qui a fait un mort, un homme connu des services de police pour trafic de stupéfiants.

"La concurrence, dans l'illégal, ça peut passer par la violence et ça passe maintenant beaucoup plus par les armes. C'est beaucoup moins cher aujourd'hui de tuer quelqu'un et c'est beaucoup plus facile", assure Christophe Korell. "Ce sont des guerres de territoires pour récupérer un terrain, mais aussi des façons d'affirmer qu'on maîtrise un territoire pour mettre un quartier sous pression", explique l'ancien policier.

L'invité du jour : Christophe Korell - 04/11
L'invité du jour : Christophe Korell - 04/11
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Pour lui, le crime organisé est aujourd'hui une menace plus importante que le terrorisme: "Je crois que le crime organisé est beaucoup plus risqué, plus important que le terrorisme. Cela peut déstabiliser un pays, comme ça arrive dans certains pays de l’Est et en Amérique latine".

Un vaste problème contre lequel l'armée ne peut rien

Le problème est vaste. Il y aurait 1 million de consommateurs réguliers de cannabis en France et 600.000 de cocaïne. Le marché de la drogue représenterait 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 240.000 personnes en vivraient à travers le pays.

La cocaïne arrive d'Amérique du Sud via les ports européens: "On contrôle peut-être 1% des conteneurs qui arrivent. C'est très facile de faire arriver de la cocaïne aujourd'hui en Europe via les ports".

Alors, comment lutter efficacement? Le serpent de mer de l'envoi de l'armée est toujours invoqué. Cette fois, c'est le député macroniste Karl Olive qui a appelé à tester l'armée "pour envoyer un véritable électrochoc dans ce pays". Un non-sens pour l'ancien policier Christophe Korell: "Cela n’a pas de sens. Qu’est ce que va faire l’armée de plus que les policiers ? Il y a un droit en France et des réglementations".

Il plaide lui pour une meilleure coopération entre police et justice et un "choc des moyens" plutôt qu'un électrochoc. "Ce qu’il faut, c’est un choc des moyens, si on veut lutter contre la criminalité organisée. C’est une chaîne police-justice qui fonctionne ensemble. Si on donne des moyens à la police, on doit en donner à la justice", appelle Christophe Korell.

G.D.