La responsabilité de l'État en question après un triple assassinat dont un féminicide
L'État a-t-il une responsabilité dans un triple assassinat survenu il y a cinq ans et demi dans le Nord ? C'est ce que doit déterminer le tribunal de Paris aujourd'hui au terme d'une procédure inédite. En août 2014, Isabelle Thomas et ses parents sont tués par l'ex-conjoint de cette dernière, dans les rues de Grande-Synthe, près de Dunkerque.
Isabelle avait pourtant porté plainte deux fois, notamment au moment où son ex conjoint avait violé son contrôle judiciaire pour la suivre, et déposé 3 mains courantes.
Depuis, Cathy Thomas, fille et sœur des victimes se bat pour faire reconnaître la responsabilité des autorités dans cette affaire. En 2012, Isabelle rencontre Patrick. Les premiers coups commencent, deux ans plus tard. Elle porte plainte. Sa sœur, Cathy est présente ce jour-là.
"Elle disait sans arrêt, il va me tuer, il va me tuer. Elle ne voulait pas quitter le commissariat. Donc ils s’avaient très bien qu’elle était en danger de mort", affirme-t-elle.
Un contrôle judiciaire vain
Patrick est placé sous contrôle judiciaire. Mais il continue d'harceler Isabelle. Elle alerte à nouveau la police, en vain. En août 2014, il la tue ainsi que ses parents. "Il n’y a rien qui a été fait ni de la part de la police ni de la justice. Il n’y a pas eu une seule tentative d’essayer de l’empêcher ou de trouver une solution. Ce n’est pas étonnant que toutes ces femmes qui portent plainte meurent", indique-t-il.
Aujourd'hui, Cathy se bat pour que l'Etat soit reconnu coupable d'inaction.
"Il faut que l’État condamné même symboliquement parce qu’il faut que l’on ait confiance en notre justice. Il faut que les femmes aient confiance dans toutes les mesures qui ont été mises en place. Si cette loi n’est pas applicable, à quoi cela sert-il d’être dans un état de droit ?", questionne son avocate, Maître Isabelle Steyer.
Cathy et son avocate le savent, la procédure sera longue. Si elle n'aboutit pas, elles envisagent d'aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l’homme.