"Les enfants se sont réveillés": le choc après la fusillade dans un quartier résidentiel à Marseille

Depuis plusieurs mois, les semaines se suivent et ressemblent à Marseille. Une nouvelle attaque à main armée a provoqué la mort de trois personnes, ce dimanche matin dans le XI arrondissement de la ville. Dans un quartier plutôt résidentiel, des individus circulant en voiture ont ouvert le feu à la kalachnikov sur un autre véhicule, dans lequel se trouvaient cinq hommes qui venaient de quitter une boîte de nuit.
Les trois victimes, âgées d'une vingtaine d'années, sont mortes sur place. Les deux autres occupants n'ont pas été blessés, l'un d'eux s'est d'ailleurs enfui. Les auteurs de cette fusillade sont toujours recherchés, alors que leur véhicule a été retrouvé incendié peu après les faits.
Si trois occupants de la voiture visée dimanche matin "étaient connus des services de police pour trafic de stupéfiants", comme l'a expliqué la préfète de police des Bouches-du-Rhône, le quartier où s'est déroulée l'attaque n'est pas connu pour abriter des points de trafic de drogue.
"Jusqu'où on va aller?"
Dans le secteur, justement, les habitants restent abasourdis par les événements de dimanche matin. "Heureusement que je ne suis pas passé par là", lâche l'un d'entre eux. "Les enfants se sont réveillés, ça réveille tout le monde. Ça arrive de partout. Il y a trop de règlements de compte à Marseille", poursuit ce résident du XIe arrondissement marseillais.
"Ça vous choque, vous? Est-ce que ça vous choque? On en est à 21 morts à Marseille. Et on n'est qu'au mois de mai, jusqu'où on va aller?", s'emporte un autre résident du quartier où les trois hommes ont été tués.
L'une des amies des victimes de la fusillade s'est aussi exprimée à visage couvert au micro de RMC et BFMTV. Cette femme explique habiter à proximité des lieux et être mère de famille. Ces deux aspects font que "c'est très dur" pour elle "d'apprendre que des amis sont morts".
"Je me mets à la place des mamans et des familles. Ça fait mal, très, très mal. Et je tombe des nues parce que ce sont des personnes que l'on fréquente tous les jours, et même si on ne les fréquentait pas, le fait qu'il se passe ce genre de choses là, ce n'est pas normal", se désole cette habitante du XIe arrondissement.
"Personnellement, j'habite ici, c'est une des premières fois que j'entends que ça tire autour de chez moi et je ne suis pas rassurée de me dire qu'à tout moment, je peux être victime car je suis au mauvais endroit au mauvais moment et que je suis par exemple en voiture avec ma fille", poursuit cette amie des victimes du potentiel nouveau règlement de comptes.
"Plus de moyens" demandés par les policiers
Les faits survenus dimanche matin ont évidemment provoqué une réaction du côté de la municipalité. Le maire républicain du XIe et du XIIe arrondissement de Marseille, Sylvain Souvestre, a estimé qu'il n'y avait "plus de frontière, plus de limites aujourd'hui au trafic de drogue".
"Avant, il y a 15-20 ans, les personnes réglaient leurs comptes entre eux, à l'écart. Aujourd'hui, on se retrouve au cœur d'un noyau villageois, sans problèmes. Les 'jeunes' étaient venus faire la fête dans un établissement de nuit et se retrouvent pistés, et morts aujourd'hui dans des conditions dramatiques", a-t-il analysé.
Alors, aux yeux de Bruno Bartocetti, secrétaire national de la zone Sud du syndicat SGP Police FO, il faut augmenter les effectifs de police dans le secteur afin de contrer la propagation de la violence.
"La peine de mort existe dans ce milieu là. Être interpellé par la police ou être sanctionné, ça ne les effraie pas beaucoup. Ce sont les plus gros qui vont au bout de leur logique en tuant très facilement pour 7-8.000€.", détaille Bruno Bartocetti.
Selon lui, il faut donc "se donner encore plus de moyens car le travail est fait sur le terrain par les policiers, mais ils sont à bout de souffle". Le syndicaliste assure que les policiers marseillais sont "submergés de travail et les policiers sur le terrain doivent travailler avec beaucoup plus d'effectifs pour répondre au service public et être présents dans cette ville de Marseille".
Depuis le début de l'année 2023, 21 homicides ont été recensés à Marseille, dont 19 par armes à feu. Une nouvelle fusillade a par ailleurs eu lieu dimanche soir, à la cité des Oliviers dans le XIIIe arrondissement de la cité phocéenne. Un homme a été blessé à la hanche par les tirs.