Loi antiterroriste: "On se dit qu'on peut être assigné à résidence à vie"
Aujourd'hui, 66 personnes sont encore assignées à résidence. Demain, beaucoup plus? Si la loi antiterroriste, présentée ce jeudi en Conseil des ministres est adoptée, les autorités administratives, sous tutelle du ministère de l'intérieur, pourront notamment contraindre des personnes à rester dans un périmètre restreint, hors cadre de l'état d'urgence.
Des contraintes que Thomas et Sarah craignent énormément. Le couple a été jugé récemment pour apologie du terrorisme et ils ont fait appel. Sarah est assignée à résidence depuis l'automne dernier, parce qu'elle a été membre d'une association musulmane dissoute. Thomas lui, pour des liens présumés avec la mouvance islamiste radicale.
"On se dit qu'on peut être assigné à vie. Jusqu'où ça va aller? Ce n’est pas possible. On pourra assigner tout le monde et n'importe qui comme ça, c'est triste. Il n’y a pas de respect des Droits de l'Homme, pas de respect de rien du tout", lance Sarah.
Sarah et Thomas n'ont pas le droit de quitter la petite ville où ils habitent et chaque jour, ils doivent pointer trois fois au commissariat. "Ce n’est pas vivable. On est enfermé dans une grande cellule, il y a de quoi devenir fou" d'après Thomas.
Toujours dans l'attente, le couple n'a pas été jugé pour les faits qui lui sont reprochés. "J'aurai aimé avoir un procès, au moins qu'on me prouve ce dont on m'accuse. Si on me le prouve je reconnaîtrai la gravité des faits. Je n'ai jamais été quelqu'un de dangereux, j'ai toujours dit les choses, jamais essayé de cacher quoique ce soit", explique le jeune homme.
Après la fin de l'état d'urgence, au 1er novembre prochain, leur situation sera réévaluée. Ils pourraient faire l'objet d'une mesure individuelle de surveillance, à peine moins contraignante.