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Police-Justice

Marseille: comment les riverains perçoivent-ils l'intervention de la CRS 8?

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La compagnie de la CRS 8, spécialisée dans les violences urbaines, a été déployée entre les 19 et 20 août dernier à Marseille, dans le quartier de Maison-Blanche (14e arrondissement). Sur place, les habitants sont mitigés sur l'intervention de cette compagnie.

A Marseille, près d'une semaine après la mort d'une homme tué par balles dans le quartier de Maison Blanche (14ème arrondissement), une unité de la CRS 8 a été déployée dans le secteur le weekend dernier.

Des CRS venus de région parisienne, spécialisés dans les interventions difficiles en milieu urbain, et qui resteront à Marseille "environ une semaine, avec pour objectif de mener des actions coups de poing contre le trafic, notamment sur les points de deal" selon le ministère de l'Intérieur.

Sur place, assises en cercle au pied d’un immeuble, une vingtaine de mamans du quartier de Maison Blanche discutent. Parmi elles Malia, qui depuis la fusillade qui a eu lieu au pied de chez elle explique avoir "peur". Pour elle, l'arrivée de la compagnie de CRS 8 représente la "sécurité".

"Ca ne change rien"

À la base de ces violences que subissent les riverains, le trafic de drogue et ses vendettas auxquels s'attaquent les CRS 8 déployés ce week-end. Depuis le début de l'année, ce sont 37 personnes qui ont été tuées par balles, un chiffre en hausse depuis l'année 2022. Au mois d'août seulement, huit personnes ont péri dans des fusillades.

Mais pour Oussama, commerçant à Maison Blanche, l'arrivée de la CRS 8 n'aura pas de réelle répercussion sur les règlements de compte à Marseille.

"Il en passe des policiers tous les jours. Ça ne change rien. Les jeunes courront un peu plus vite, c’est tout. (...) Ce qui marche, c’est de faire comme tous les autres pays : légaliser. Vous n'aurez plus de marché parallèle", estime Oussama, un commerçant du quartier de Maison Blanche à Marseille.

Un peu plus loin, assis à l’ombre du seul arbre de Maison Blanche, un groupe de jeunes échangent sur la première opération des CRS 8 dans un quartier voisin.

Une unité basée à Marseille d'ici fin 2023

"Ils ralentissent le trafic et puis le lendemain ça repart, explique Malik, âgé de 23 ans. C’est pas la solution, c’est temporaire."

Le problème, selon lui, est que les policiers "viennent un ou deux jours". Si cela "dissuade les clients", il déplore que ce ne soit pas le cas pour les vendeurs. "Ils continuent, ils sont en place, donc ce qu’il faudrait c’est qu’ils soient là tous les jours 24/24, mais ce n’est pas possible", analyse le jeune homme.

Le parti-pris : Fusillades meurtrières, la CRS 8 déployée à Marseille - 21/08
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Si l'avis est donc relativement mitigé parmi les riverains du quartier, Eddy Sid, délégué Unité SGP Police-FO Marseille, a tenté d'expliquer l'intérêt de faire intervenir la CRS 8 dans cette situation particulière que vit la cité phocéenne.

"L'idée n'est pas de stopper les trafics de drogues, mais les règlements de compte pour éviter les passages à l'acte", estime-t-il. Par ailleurs, Eddy Sid avoue que la mise en place des effectifs de la CRS 8 dans le quartier de Maison Blanche n'est pas "la meilleure solution, mais pendant une période de congés, c'est la solution conjoncturelle".

Cette unité de la CRS 8 sera encore quelques jours à Marseille… Puis la ville devrait se munir de sa propre unité, d’ici la fin de l’année. "On devrait avoir une CRS de type 8 à Marseille d'ici l'automne", a confirmé le syndicaliste d'Unité SGP Police-FO Marseille.

Siam Spencer (édité par A.L)