Nicolas Sarkozy condamné: "Cette décision est monstrueuse", s'indigne l'avocat Charles Consigny

Une déflagration. L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été condamné à 5 ans de prison avec mandat de dépôt différé et exécution provisoire pour association de malfaiteurs dans le cadre du dossier libyen. Il va donc aller en prison même si il a fait appel de la décision du tribunal correctionnel de Paris.
Une décision de justice fustigé par ses soutiens, la droite et l'extrême-droite. Sur RMC Story ce vendredi, c'est l'avocat et chroniqueur RMC Charles Consigny, conseil d'Alexandre Djouhri, condamné jeudi aux côtés de Nicolas Sarkozy, qui trouve cette décision "étrange".
"On est un état de droit, personne n'est au-dessus des lois, même un ancien président doit être condamné", explique-t-il. "Mais ce que je trouve étrange, c'est que Nicolas Sarkozy était poursuivi pour corruption, associations de malfaiteurs, financement illégal de campagne et le tribunal a abandonné les 3/4 des faits pour lesquels Nicolas Sarkozy était poursuivi".
"Éventuelle machination"
"Mais le tribunal inflige une peine très lourde, ne tire pas les conséquences de son propre raisonnement, dit que la note de Mediapart est surement un faux mais n'enquête pas sur une éventuelle machination", s'étonne Charles Consigny.
Autre décision qui ulcère à droite et à l'extrême-droite, la prononciation d'une exécution provisoire, obligeant Nicolas Sarkozy a effectué une partie de sa peine de prison malgré son appel. Marine Le Pen, la cheffe de file du Rassemblement national, elle-même concernée par une exécution provisoire d'inéligibilité a estimé que ces décisions représentaient "un grand danger" pour "la présomption d'innocence" notamment.
"Marine Le Pen a raison", estime Charles Consigny. "Ce recul du double degré de juridiction, cet abandon par les juges eux-mêmes du droit au recours, c'est une régression et un durcissement de la justice qui ne supporte plus que les justiciables exercent des recours".
"On a reproché à Nicolas Sarkozy sa défense, d'avoir un attaché de presse, alors qu'il a été très coopératif. On va faire des procès staliniens si on reproche aux gens leur défense", poursuit l'avocat.
"Les juges ne sont pas politiques mais ils ont cédé à la pression qui existait depuis de nombreuses années sur une incarcération de Nicolas Sarkozy", estime Charles Consigny qui s'interroge aussi sur l'incarcération de son client Alexandre Djouhri et d'un autre prévenu Wahib Nacer: "Ce dernier à 82 ans, n'a aucun antécédent judiciaire ne présentait pas de risque de fuite. Plus on rentre dans le détail, plus je la trouve monstrueuse".
Une question d'habitude?
Pour Cécile Duflot, ancienne Ministre sous François Hollande, cette condamnation marque parce qu'elle est inhabituelle: "On n'est pas habitués, pendant des années, ces affaires n'étaient même pas jugée", estime-t-elle.
"Je ne suis pas pour la détention provisoire mais il s'agit de Nicolas Sarkozy et de ses soutiens qui pendant des années ont expliqué que dès qu'on était condamné, il fallait aller en prison, que la justice était laxiste, c'est paradoxal", poursuit l'ancienne députée écologiste. "Je ne suis pas pour incarcérer tout le monde mais c'est bizarre cet espèce de deux poids deux mesures".
"On ne peut pas être exonéré de ses responsabilités quand on est un ancien président de la République. Historiquement c'était le cas, plus vous étiez puissant, plus vous aviez de chance d'échapper à la justice et la prison et donc on n'est pas préparé", ajoute Cécile Duflot.
"La justice a travaillé. Je me souviens de 2007 et du scandale de ce qu'était la visite de Kadhafi. Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner s'était fait porter pâle au diner d'Etat. La secrétaire au droit de l'homme Rama Yade avait dit que la France ne pouvait être 'un paillasson sur lequel un dirigeant terroriste ou non, peut s'essuyer les pieds du sans de ses forfaits'".