"Ça nous pend au nez": le procureur de Marseille Nicolas Bessone craint des libérations de narcotrafiquants

Des dealers et des tueurs relâchés à cause d’un manque de personnel dans la justice? C’est ce que craint Nicolas Bessone, le procureur de la République de Marseille, face à la difficulté de respecter les délais judiciaires. "C’est le risque encouru, alerte-t-il dans Apolline Matin ce mercredi sur RMC et RMC Story. Il n’y pas encore eu de remise en liberté, mais ça nous pend au nez. Les élucidations en matière de narco-homicides ont été très importantes cette année. Pour les faits de 2023, on a plus de 70 personnes mises en examen. Si nous ne renforçons pas la capacité de jugement au niveau de la cour d’appel et de la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, nous risquons inéluctablement d’avoir des remises en liberté pour non-respect des délais procéduraux."
Sinon, "c’est la loi, ils seront remis en liberté", ajoute-t-il. "Il faut qu’on fasse très attention et qu’on soit très vigilant sur ce point".
"Chaque homme a un prix"
Nicolas Bessone appelle donc à augmenter les moyens de la justice, et de la police, pour poursuivre la lutte contre le trafic de drogue à Marseille. "Les moyens ont été renforcés, souligne-t-il. Ce n’est pas suffisant, il faut renforcer évidemment les services de police, le tribunal judiciaire de Marseille. Mais il faut également des évolutions législatives pour nous donner un corpus juridique qui nous permette de lutter contre ce phénomène très, très important." Et à ce titre, il demande des tribunaux spéciaux pour juger les trafiquants de drogue, qui peuvent faire pression sur les jurés.
"La difficulté, c’est que ces faits qui sont liés à de la menace, de la terreur, sont jugés par des cours d’assises ordinaires, pointe le procureur de la République de Marseille. Des jurés populaires rendent la justice dans un contexte de menace, de terreur, et cela ne nous semble plus adapté. Qui penserait faire juger encore aujourd’hui par des jurés populaires des actes de terrorisme? Ce sont des magistrats spécialisés, investis, payés pour ça. Nous appelons à une évolution législative pour prendre en compte ce phénomène particulier."
En face, les narcotrafiquants n’hésitent pas à tenter de corrompre. "Les moyens financiers de ces organisations sont illimités, déplore Nicolas Bessone. Malheureusement, chaque homme a un prix. Nous avons des enquêtes en cours. Des fonctionnaires de police et de l’administration pénitentiaires sont approchés, menacés, voire achetés."