Trafic de drogue: meurtres, chiffre d'affaires... le bilan effrayant de l'année 2023

Les chiffres sont effrayants: 315 meurtres ou tentatives de meurtres entre janvier et novembre 2023. C’est un chiffre en hausse de 57% par rapport à l’année dernière. C’est ce que révèle une enquête passionnante publiée par l’AFP ce mardi. Rien qu'à Marseille, on compte 47 morts depuis le 1er janvier. Pour l’essentiel, des dealers de deux bandes concurrentes qui s’entretuent pour le contrôle des points de vente.
Les méthodes d'intimidation sont de plus en plus violentes. Là où autrefois les narco-trafiquants se contentaient de tirer sur les façades, désormais on voit des commandos équipés d’armes de guerre qui rafalent en pleine rue. Et ce qui se passait autrefois surtout à Marseille a gagné de nombreuses villes du sud comme Nîmes, Avignon ou Toulouse, mais aussi des villes comme Nantes et Besançon.
Les victimes de ces guerres de territoires sont jeunes, 30% ont moins de 20 ans, mais les auteurs des crimes sont encore plus jeunes. Un sur cinq a entre 16 et 19 ans. L’AFP cite le cas, à Marseille, d'un jeune Matéo arrêté en avril et soupçonné d’avoir tué deux jeunes de 15 et 16 ans. Il affirme avoir reçu la somme de 200.000 euros pour exécuter ces deux meurtres.
Le trafic de drogue est presque une industrie
Le chiffre d'affaires du secteur des stupéfiants est évalué à 3 milliards d’euros. La police estime que 240.000 personnes vivent directement ou indirectement du trafic de drogue, dont 21.000 qui travaillent à temps plein. Le secteur a différents métiers: les "chouffes", c'est à dire les guetteurs, les "charbonneurs", ce sont les vendeurs, et les "charkleurs", les tueurs.
On a constaté cette année une féminisation du métier. Les femmes sont souvent employées pour le convoyage ou la livraison parce qu’elles sont moins contrôlées par la police. Mais, sauf exceptions, elles n’ont pas accès aux postes les plus importants.
Les vrais organisateurs des trafics, eux, ne se risquent pas dans les cités. Ils vivent pour la plupart au Maroc, en Algérie mais surtout à Dubaï où ils blanchissent leur argent. Dubaï, qui coopère plus qu’avant avec la justice française, mais pas encore assez selon les policiers interrogés par l’AFP. Plusieurs gros dealers ont été arrêtés mais finalement relâchés parce que les procédures d’extradition sont trop lourdes.
La livraison à domicile toujours plus forte
Un phénomène s'est développé pendant les confinements et continue de grandir: la livraison de drogue à domicile avec des trafiquants qui ont de vrais talents en matière de marketing. Une étude de l’observatoire français des drogues et des addictions décrit leurs méthodes: rapidité de la livraison et amabilité, prix dégressifs pour les achats groupés, promotions certains jours de la semaine, offres de cadeaux comme des jeux à gratter.... Et des vidéos publicitaires de grande qualité envoyées sur les réseaux sociaux pour vanter les services.
La livraison à domicile, autrefois réservée aux grandes villes, gagne maintenant des zones rurales. Des livreurs sont recrutés sur des applications. Ils peuvent faire des trajets de plusieurs dizaines de kilomètres pour atteindre les clients des petites villes. Ils utilisent leurs voitures personnelles et se sont rembourser leur frais de carburant, comme n’importe quels VRP.
Si ce business prospère comme jamais, c’est bien sûr parce qu’il y a un marché. Selon l’observatoire français des drogues, 5 millions de Français achètent du cannabis et 600.000 consomment de la cocaïne.