Accord avec la gauche sans brusquer le bloc central: le travail d'équilibriste de François Bayrou

François Bayrou joue une grande partie de son avenir à Matignon mardi. C'est le jour de sa déclaration de politique générale, devant l'Assemblée, premier écueil majeur puisque LFI prévoit déjà de déposer une motion de censure à la suite de ce discours.
En ligne de mire, la volonté de trouver un accord avec le PS pour ne pas censurer le budget. Les socialistes réclament notamment une suspension de la réforme des retraites pendant six mois, pour relancer des discussions avec les partenaires sociaux.
Et c'est donc pour François Bayrou, un exercice d'équilibriste. Comment s'assurer la bienveillance des socialistes sans braquer le reste du bloc central sur la question des retraites? Tout le week-end, les représentants de la gauche ont martelé leur condition: suspendre la réforme des retraites pendant 6 mois, pour renégocier sur ce texte. Faute de quoi, ils censureront le gouvernement Bayrou.
Sans clarification, le gouvernement François Bayrou est donc toujours sous la menace d'une censure des socialistes. Le député PS Arthur Delaporte attend des garanties dans la déclaration de politique générale, notamment sur la réforme des retraites.
“Le PS, à l’heure où on se parle, est dans une négociation exigeante et on ne va pas se prononcer sans savoir où tout ceci aboutit”, indique-t-il.
Une réforme indispensable?
Sauf que le Premier ministre ne laisse toujours rien transparaître de ses intentions. En attendant, Les Républicains mettent la pression par la voix du patron de leur groupe de députés Laurent Wauquiez. Une suspension de la réforme des retraites sans mesures de financement serait "irresponsable" selon lui.
Des députés LR qui menacent de ne pas voter le budget, comme l'explique Jean-Didier Berger.
“On ne censure pas, il n’y a pas de chantage, on ne va pas ajouter du chaos au chaos. Mais par contre, il ne faut pas nous demander de venir voter le contraire de ce qui peut permettre au pays de se relever de la situation réelle dans laquelle il est”, indique-t-il.
Un macroniste ne veut pas croire à une éventuelle suspension de la réforme. "Cette réforme nous a coûtés politiquement, on ne peut faire un accord avec les socialistes à n'importe quelle condition" s'alarme ce député. Le député macroniste Jean-René Cazeneuve met en garde contre les effets d'une suspension de la réforme des retraites. “Est-ce qu’on peut dégrader le système de financement des retraites en 2025? Il n’en est pas question. On ne peut pas se le permettre, on n’a pas l’argent pour ça”, assure-t-il.