"Contrer la décivilisation": le terme d'extrême droite utilisé par Emmanuel Macron crée des remous

"Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation". Cette phrase, prononcée en Conseil des ministres mercredi par Emmanuel Macron, fait grincer des dents certains représentants politiques.
"Il faut être intraitable sur le fond. Aucune violence n'est légitime, qu'elle soit verbale ou contre les personnes. Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation", a dit Emmanuel Macron, mercredi, à ses minsitres.
Ces propos du chef de l'État, rapportés au Parisien puis confirmés, font notamment référence aux derniers épisodes de violence qui ont touché le pays, comme la mort de trois policiers à Roubaix dans un accident de la route ou encore celle d'une infirmière poignardée au CHU de Reims.
Toutefois, le terme de "décivilisation" est régulièrement utilisé par l'extrême droite. Par exemple, l'expression est notamment le titre d'un livre de Renaud Camus, un théoricien d'extrême droite ayant popularisé le terme de "grand remplacement".
"Il a raison de tirer la sonnette d'alarme"
La déclaration du président de la République n'a pas manqué de faire réagir les représentants de la classe politique.
Face à la violence qui touche le pays, il faut nommer les choses, estiment plusieurs élus parlementaires de la majorité. Selon un conseiller de l'exécutif, l'expression choc du président était utilisée pour déplorer "une montée des violences" et dénoncer "le climat général".
Mathieu Lefèvre, député Renaissance, salue la formule d'Emmanuel Macron, assurant qu'il y a "incontestablement, dans notre pays, une montée de la violence".
"Il faut appeler à une désescalade, il faut appeler au dialogue et au compromis. Je crois qu'il est tout à fait dans son rôle, qui est de protéger les Français de ce risque, et il a raison de tirer la sonnette d'alarme", estime Mathieu Lefèvre.
"C'est dangereux"
Si certains soutiennent donc les propos tenus par Emmanuel Macron, au sein de la majorité, ce mot "décivilisation" provoque l'embarras. Le patron du groupe Horizons, Laurent Marcangeli, admet par exemple qu'il n'aurait pas utilisé ce terme. "Le président aurait peut-être pu employer un autre terme, mais je crois que le plus important, c'est le fond", juge-t-il.
"Le fond, c'est qu'attention, il y a une civilisation, un vivre-ensemble qui est aujourd'hui attaqué par plusieurs maux. Et ça, c'est important", ajoute le leader du groupe Horizons à l'Assemblée.
Côté Nupes, l'alliance de gauche est clairement remontée contre les propos du chef de l'État. Pour le député insoumis Eric Coquerel, Emmanuel Macron n'a pas utilisé ce mot par hasard.
"Il a quand même le chic d'utiliser des formules utilisées par l'extrême droite. Je pense qu'il s'en rend compte et que ce sont peut-être des signaux subliminaux qu'il envoie, mais qui sont problématiques. Mettre le doigt là-dedans, c'est dangereux", observe Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis.
Enfin, le Rassemblement National savoure cette prise de parole du président, perçue comme un véritable "hommage" par un proche de Marine Le Pen.