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"Je ne veux pas être un Playmobil": ça tangue entre des députés Renaissance et l'exécutif

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Quatre députées, dont l'ancienne ministre Barbara Pompili, ont annoncé ce jeudi prendre leurs distances avec Renaissance et devenir "apparentées" au groupe de la majorité présidentielle. Une annonce révélatrice des relations agitées entre l'exécutif et députés macronistes, en ce moment.

Ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Quatre députées prennent leurs distances avec Renaissance. L'ancienne ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, Mireille Clapot, Stella Dupont et Cécile Rilhac avaient déjà émis leurs doutes sur la réforme des retraites. Elles restent quand même "apparentées" au groupe Renaissance, mais ce statut leur donnera une plus grande liberté de parole.

Le 49.3 n'est pas passé

D’autres députés prennent cette liberté de parole hors micro. Et certains sont très remontés contre le gouvernement depuis le passage de la réforme des retraites via l'article 49.3. Un pilier du groupe raconte se remettre à peine des quinze jours passés dans l’hémicycle pour défendre la réforme. "Ça a été dur, on a assuré sur le terrain", souligne-t-il.

Ajoutez à cela les violences subies par des élus. Et ce pilier sent les députés délaissés par l’exécutif. Si pour certains, "ça fait partie du job", d’autres regrettent de ne pas être invités à des déplacements ministériels ou à certains conseils nationaux de la refondation.

"Quand on est député de la majorité, ça doit être une plus-value par rapport aux oppositions" regrette une macroniste.

Ce message est remonté jusqu'à Elisabeth Borne qui aurait rappelé à l’ordre ses ministres.

Une colère contre Emmanuel Macron

D'autres députés expriment cette colère contre le président de la République. "La question, ce n’est pas le gouvernement, c’est Macron", dit une députée Renaissance. Cette élue aguerrie reste convaincue par le projet mais beaucoup moins par l’homme: "il ne fait confiance à personne", dit-elle. "Lorsque le président dit qu’il veut moins légiférer, c’est une façon de dire 'taisez-vous, entrez dans le rang'".

"Macron ne croit pas au Parlement. Son modèle, c’est le bonapartisme", insiste-t-elle.

Les plus loyaux le défendent: "Les députés ont été élus avec la tête du président sur leurs affiches de campagne, chacun doit prendre ses responsabilités". Mais on est loin des députés que l’on disait "godillots" dans le mandat précédent.

"Un rapport de force" députés et gouvernement

Certains reconnaissent là le travail d’Aurore Bergé, la cheffe de groupe Renaissance qui réussit, selon une députée, à avoir un groupe politique fort, à créer, quand il le faut, "un rapport de force" avec le gouvernement. Un autre élu, connu pour son franc parler, dit qu’il "doit la loyauté au président" mais qu’il "ne veut pas être un Playmobil".

Pour preuve, il n’ira pas ce samedi au conseil national du parti Renaissance. Il estime avoir mieux à faire en circonscription. Selon lui, il faut "se démarquer de Macron, penser à la suite". Pas question pour lui de quitter le groupe. Mais certains redoutent que certains choix du président soient fatals.

En cas de nomination d’un Premier ministre LR, par exemple, un conseiller de l’exécutif estime que quinze députés Renaissance pourraient quitter la majorité. De quoi pousser Emmanuel Macron à écouter ses parlementaires.

Hélène Terzian avec MM