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La "trêve olympique" bientôt terminée, quel Premier ministre pour Emmanuel Macron?

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Les JO 2024 se terminent dimanche et cette échéance signifie la fin de la "trêve olympique" souhaitée par Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat, en quête d'un Premier ministre, multiplie les tractations et sonde son entourage. Xavier Bertrand, Lucie Castets, Bernard Cazeneuve et d'autres profils circulent... Qui pourrait débloquer la situation?

Le 23 juillet, à trois jours de la cérémonie d'ouverture des JO 2024, Emmanuel Macron avait douché les espoirs de la gauche de le voir nommer Lucie Castets à Matignon. Quelques heures auparavant, le Nouveau Front populaire avait réussi, après plusieurs semaines de tractations intenses entre les quatre formations politiques composantes de la coalition, à s'accorder sur le profil de cette fonctionnaire de la mairie de Paris, âgée de 37 ans.

"Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique", avait-il balayé, avant de préciser: "La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes, passer un budget et faire avancer le pays?".

"Parfum de cohabitation"

Une équation qui apparaît, toujours aujourd'hui, difficile à résoudre mais qui avait été posée par Emmanuel Macron juste avant les JO et sa fameuse "trêve olympique" qu'il avait appelée de ses voeux. Le tout en affirmant qu'il ne nommerait ainsi pas de nouveau de gouvernement avant la mi-août, appelant les formations politiques à la réflexion.

Selon l'entourage d'Emmanuel Macron cité à plusieurs reprises, celui-ci cherche une personnalité capable d'y répondre, le tout en offrant un "parfum de cohabitation". Pis encore, une des conditions "implicite" serait d'entretenir des "mauvais rapports" avec le chef de l'Etat, croit savoir l'Opinion. Objectif: "Refléter le résultat des législatives, il a perdu". Le président serait même prêt à se mettre en retrait, selon les informations du Monde, en adoptant une "attitude mitterrandienne".

À gauche comme à droite, une alliance de compromis avec les macronistes ne semble pas être la solution

Sauf que depuis la mi-juillet, personne n'a bougé. Si l'Elysée espérait rallier des socialistes "modérés" au projet d'une grande coalition républicaine, ces derniers ne semblent pas vouloir quitter le Nouveau Front populaire. Et ce malgré des divergences avec LFI et le fait que leur présence au sein d'un éventuel gouvernement demeure le point d'achoppement, avec le redouté vote d'une motion de censure.

Même son de cloche à droite, Laurent Wauquiez, malgré la présentation de son pacte législatif avec le patron des sénateurs LR au Sénat Bruno Retailleau il y a quelques jours, a coupé court à toute participation d'un gouvernement avec le camp présidentiel.

"Aucune personnalité ne veut se mouiller, tout est bloqué et ça risque de rester comme ça pendant un moment" selon les confidences d'un proche d'Emmanuel Macron rapportées par Le Point. Actuellement en villlégiature au fort de Brégançon, le président de la République semble consulter et sonder son entourage. Toujours selon Le Point, la "seule hypothèse crédible et prise au sérieux serait Xavier Bertrand".

Son entourage l'a fait savoir, l'ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy est "prêt". Présenté comme un "gaulliste social", il bénéficie entre autres du soutien de Gérald Darmanin. Problème, le président de la région des Hauts-de-France n'entretient pas de bonnes relations avec le président des députés LR, Laurent Wauquiez.

Lucie Castets continue de faire campagne

Du côté de la gauche, si Emmanuel Macron a semble-t-il déjà écarté Lucie Castets, celle-ci n'abdique pas et continue de faire campagne et multplie les apparitions médiatiques et interventions sur le terrain, comme à l'usine Duralex. Dans un entretien à La Tribune Dimanche, la haute fonctionnaire s'est dit prête à "faire des compromis sauf avec le RN", bien qu'elle assure vouloir appliquer le programme du Nouveau Front populaire.

Toujours à gauche, le nom de Bernard Cazeneuve, ancien ministre de l'Intérieur et... Premier ministre (éphèmère) sous François Hollande, serait également sondé, selon l'Opinion et Le Figaro. Si Xavier Bertrand n'aura pas les faveurs de Laurent Wauquiez, il ne fait nul doute que l'ancien maire de Cherbourg sera rejeté par l'ensemble de La France insoumise.

Des anciens ministres sous Jacques Chirac

À l'instar de Xavier Bertrand, des anciens ministres de Jacques Chirac (il y a 20 ans donc) ont semble-t-il la cote puisque deux autres font également partie des hypothèses, toujours selon l'Opinion. Michel Barnier (73 ans), candidat malheureux à la primaire de la droite en 2021 et ancien ministre des Affaires étrangrères, et Jean-Louis Borloo (73 ans), ancien ministre de l'Emploi mais aussi de l'Ecologie sous Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait d'ailleurs espéré, fut un temps, être nommé à Matignon à la place de François Fillon au cours du quinquennat.

Des "technocrates" au pouvoir?

Enfin, reste toujours la solution d'un "gouvernement technique", composé de hauts fonctionnaires et technocrates, capables d'assurer la gestion de l'Etat le temps d'une (nouvelle) dissolution, donc pas avant l'été 2025? Le Point rapporte que plusieurs noms circulent, comme l'actuel Premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, ancien ministre de l'Economie sous François Hollande. "Il n'aurait même pas le PS avec lui", estime un "émissaire du président", cité par l'hebdomadaire.

Les autres profils cités seraient Jean-Claude Trichet (81 ans), président de la BCE entre 2003 et 2011, ou Olivier Blanchard (75 ans), économiste en chef du FMI entre 2008 et 2015.

Léo Manson