"Les papas étaient absents": après les émeutes, le maire d'Aulnay réclame le retour de l’autorité

Sa ville fait partie des plus touchées par les émeutes. Après plusieurs nuits de violences, Bruno Beschizza, maire d'Aulnay-sous-Bois (LR), constate les dégâts. "Les deux premières nuits, l’Etat n’était pas là, explique-t-il dans ‘Apolline Matin’ sur RMC et RMC Story. Sur ma ville, 150 individus ont attaqué la police municipale, brûlé 50 voitures, pillé et saccagé… Ils ont brûlé une cuisine centrale où travaillent leurs mamans pour fabriquer les repas pour leurs petits frères, leurs petites sœurs. Il y a eu 130 tirs de LBD pour libérer la police municipale. Et à 2h du matin, quand vous appelez le préfet, il vous dit de bonne foi: ‘Je n’ai plus rien’. Toutes les forces de police étaient engagées partout en Seine-Saint-Denis. Il n’y avait plus de réserve, il fallait se débrouiller."
"Aujourd’hui, l’outil municipal est à plat, ajoute Bruno Beschizza. Il va falloir que je fasse des choix budgétaires. Sur la cuisine municipale, je n’ai plus de repas chauds. Sur la mairie annexe, je n’ai plus de service administratif. Le bus qui sert à aller dans les endroits les plus compliqués pour faire les procédures administratives pour les plus faibles a été saccagé. Il va falloir très rapidement remettre les moyens." Tout en continuant de sécuriser la ville.
"On n’en est pas sorti, prévient le maire d’Aulnay-sous-Bois. Cette nuit, le général météo nous a aidé, avec la pluie, pour avoir une nuit calme. On est encore dans le temps du maintien de l’ordre public. On a été dans un temps où on a géré le désordre. Ensuite, on a rétabli l’ordre public. Et aujourd’hui, on doit maintenir l’ordre public et surtout la présence régalienne. Sur une ville de 90.000 habitants en Seine-Saint-Denis, sur 40.000 habitants dans des quartiers dits difficiles, il y avait 400 prédateurs, donc moins d’1% des quartiers difficiles qui a mis la ville à feu et à sang. La présence du régalien permet de rassurer, de figer, avec des forces de l’ordre visibles, la saturation de l’espace public. On le fait à Paris quand il faut protéger les ministères, donc il faut le faire dans les quartiers populaires quand on veut montrer le retour de l’Etat."
"On a tellement décrédibilisé et critiqué, l’autorité"
Pas convaincu par les mots d’Emmanuel Macron ce mardi à l’Elysée, Bruno Beschizza plaide plus largement pour le retour de l’autorité. Et se montre plutôt d’accord avec la "méthode" vantée par le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh, "deux claques et au lit". "Je suis moi-même papa de cinq enfants, explique-t-il. Demain, pour une gifle, je suis convaincu que dans la bien-pensance ambiante, il y aura un voisin qui portera plainte contre moi pour maltraitance. La fameuse baffe thérapeutique… Hier, on a critiqué un préfet qui osait dire ‘deux baffes et tu rentres à la maison’. Je pense qu’il faut revenir à cela. Les papas étaient absents. J’ai des mamans qui me disaient: ‘Monsieur le maire, on a vu des images d’un papa qui est descendu, a mis son gosse dans le coffre, on rêve de pouvoir faire ça’."
"On a tellement décrédibilisé et critiqué, l’autorité, la notion de famille même, ajoute le maire d’Aulnay-sous-Bois. Aujourd’hui, le papa ne descend plus parce qu’il ne se considère même plus comme papa. La maman, elle vous dit: ‘Mais comment je fais ?’. Le prof, il dit: ‘Je ne peux plus engueuler mon élève parce que sinon, les parents vont venir et peut-être entamer une procédure contre moi’. La réflexion est plus là que de reparler grand plan Borloo. Il le faut, mais si au moins on rétablissait ça, ce serait un outil pratiquo-pratique qui ne coûte rien."