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"No pasaran": Illuminati, francs-maçons, vaccins... Polémique et complotisme dans le rap anti-RN

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Voulu comme une chanson anti-RN, le morceau "No Pasaran", publié après le premier tour des élections législatives et qui rassemble 20 rappeurs, suscite la polémique. En cause, des propos sexistes, misogynes et insultants mais surtout des références complotistes.

Un morceau qui se veut politique et qui entend faire barrage au RN. Le clip de "No Pasaran" publié après le premier tour des élections législatives, une chanson qui rassemble une vingtaine de rappeurs engagés contre le Rassemblement national, a déjà été vu 600.000 fois sur Youtube en 24h. Mais le morceau sur lequel on retrouve notamment les rappeurs Akhenaton (IAM), Alkpote ou Fianso, suscite déjà la polémique. En cause, des couplets insultants et vulgaires mais aussi des propos complotistes.

"C’est au mieux un morceau inutile", déplore ce mercredi sur RMC et RMC Story Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, spécialiste du complotisme et de la désinformation, qui estime que le morceau pourrait avoir "un effet contre-productif", en incitant des électeurs à aller voter pour le RN.

"Cette chanson reprend la vision du monde de l’extrême droite pour s’opposer à l’extrême droite. C’est le grand paradoxe", ajoute Rudy Reichstadt.

Illuminati et francs-maçons

Au milieu de propos sexistes et mysogines à l'encontre de Marion Maréchal et Marine Le Pen, on retrouve des propos insultants envers Jordan Bardella mais aussi des références complotistes. "Il y a des références assez cryptiques au 11 septembre. Une autre, beaucoup plus claire, à la vaccination, avec une image de Bill Gates en arrière-plan et l’idée qu’on veut nous injecter des puces dans le sang", détaille Rudy Reichstadt.

Sont aussi visés les "Illuminati", un mythe complotiste très répandu. Mais également les francs-maçons, pourtant longtemps également visés par l'extrême droite. "L’histoire de l’extrême droite est entachée d’antimaçonnisme", souligne Rudy Reichstadt. "Sous l’Occupation, les francs-maçons ont été un millier à être déportés et à ne jamais être revenus. Les francs-maçons, ce sont des gens qui ont aidé, en France en tout cas, à construire la République."

"Voir reprendre ces thèmes antimaçonniques, avec l’idée que les francs-maçons sont des ennemis, des gens à abattre, pour lutter contre l’extrême droite, c’est complètement délirant", déplore Rudy Reichstadt.
Témoin RMC : Rudy Reichstadt - 03/07
Témoin RMC : Rudy Reichstadt - 03/07
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L'imam Chalghoumi visé

D'autres paroles du rappeur Alkpote font polémique. Dans son couplet, celui qui est connu pour ses gimmicks vulgaires mais aussi pour ses collaborations avec Bilal Hassani ou Philippe Katerine, évoque le dictateur tchétchène Ramzan Kadyrov avant de s'en prendre à l'imam Chalghoumi et de tenir des propos misogynes contre Marion Maréchal et Marine Le Pen.

"Juste après avoir parlé de Ramzan Kadyrov, on parle de l’imam Hassen Chalghoumi. Cet imam, il est menacé de mort depuis des années, sa famille doit vivre cachée. C’est quelqu’un à qui les islamistes reprochent d’être ‘l’imam des juifs’. Mettre une cible sur la tête de l’imam Chalghoumi, je ne suis pas sûr que ce soit une manière de s’opposer à l’extrême droite", explique Rudy Reichstadt.

Ce n'est pas la première fois que des rappeurs se réunissent pour un morceau politique en lien avec l'actualité. En 1997, le morceau "11'30 contre les lois racistes" avait rencontré un franc succès. En 2002, après le premier tour de l'élection présidentielle qui avait vu Jean-Marie Le Pen se hisser au second tour, de nombreux rappeurs s'étaient réunis autour d'un autre morceau "Hip hop citoyens".

G.D.