"Nous avons tout fait contre la réforme mais pas en guenille": le tacle de Marine Le Pen à la Nupes

Deux salles, deux ambiances. Contre la réforme des retraites, la Nupes et le Rassemblement national ont présenté deux faces différentes à l'Assemblée nationale. D'un côté, l'occupation de l'espace médiatique et des actions spontanées en plein hémicycle pour la Nupes, de l'autre le silence et la discrétion pour le RN.
A tel point que de nombreuses voix ont taclé l'inaction du parti d'extrême droite. Le jour de l'utilisation du 49.3, la Première ministre Elisabeth Borne a elle-même dénoncé le "mutisme" des députés du RN tout au long des débats sur la réforme des retraites.
"Ceux qui ont fait de l'obstruction ont empêché l'Assemblée de rejeter cette réforme"
"Nous avons tout fait, tout ce qui était en notre pouvoir, pour lutter contre la réforme des retraites, c'était un de nos engagements auprès des Français", s'est défendu ce mercredi sur RMC et BFMTV Marine Le Pen. "Nous avons voté l'intégralité des motions de rejet, nous avons déposé une motion référendaire, nous nous sommes battus en hémicycle, nous avons présenté et voté une motion de censure", a poursuivi la présidente du groupe Rassemblent national à l'Assemblée, avant de s'en prendre à la Nupes.
"Nous n'avons pas fait de l'obstruction, parce que faire de l'obstruction, c'était empêcher que l'on rejette cette réforme des retraites. Ce sont ceux qui ont fait de l'obstruction, soit la Nupes, qui ont empêché l'Assemblée nationale de rejeter cette réforme des retraites", a ajouté Marine Le Pen.
Elle estime que les députés RN ont fait tout ce qui était possible, à l'opposé du style de la Nupes. "Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, mais pas en guenille, pas en se roulant par terre, pas en brandissant des pancartes ou en transformant l'Assemblée nationale en Zad. Les Français veulent de la fermeté, de la pugnacité".
"Tout s'effondre autour d'Elisabeth Borne"
Une stratégie qui a porté ses fruits. Si le deuxième tour de l'élection présidentielle devait se rejouer aujourd'hui, Marine Le Pen l'emporterait face à Emmanuel Macron avec 55% des voix. Et le gouvernement l'a bien compris. Mardi, la Première ministre Elisabeth Borne a reçu Marine Le Pen à Matignon. Cette dernière, contrairement à d'autres groupes d'opposition, ne s'est pas faite prier pour répondre positivement à l'invitation.
Et au lendemain de la rencontre, Marine Le Pen décrit une Première ministre plus isolée que jamais. Elle assure qu'Elisabeth Borne lui a annoncé "un ralentissement du travail parlementaire", dans les jours à venir. "Tout s'effondre autour d'elle et elle en est responsable. Elle ne ressent pas l'urgence, ils ne ressentent rien", ajoute-t-elle à propos de la majorité.
"Nous n'irons pas brûler des voitures parce que nous respectons les institutions"
La majorité, elle, ne recule pas d'un pouce sur la réforme des retraites et attend la décision du Conseil constitutionnel ce vendredi. Les Sages doivent se réunir et se prononcer sur le texte afin de donner leur feu vert ou non quant à la mise en place de la réforme. Si la décision est favorable, cela pourrait permettre au gouvernement de légitimer son projet et peut-être mettre fin à la crise sociale qui touche le pays.
Marine Le Pen se dit prête à respecter la décision du Conseil constitutionnel, comme elle respecte l'intégralité des institutions. "Nous n'irons pas brûler des voitures ou du mobilier urbain parce que nous respectons les institutions", assure la cheffe de file du Rassemblement national, appelant cependant à modifier le mode de nomination des Sages: "La composition du Conseil constitutionnel est faite de gens nommés par des politiques. Il faudrait réfléchir à ce que les Sages soient totalement détachés et indépendants dans leur nomination".