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Quand Elisabeth Borne annonce au Sénat remettre en chantier... sa propre réforme des retraites

Élisabeth Borne, nouvelle ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, prononce un discours lors d’une cérémonie de passation de pouvoir au ministère de l’Éducation à Paris, le 24 décembre 2024.

Élisabeth Borne, nouvelle ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, prononce un discours lors d’une cérémonie de passation de pouvoir au ministère de l’Éducation à Paris, le 24 décembre 2024. - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Alors que François Bayrou a prononcé mardi sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale, Élisabeth Borne a été chargée de la lire en parallèle au Sénat, où elle a dû faire des concessions sur sa propre réforme des retraites de 2023.

Ironie du sort, c'est Elisabeth Borne elle-même qui a annoncé mardi, devant le Sénat, que le gouvernement remettrait "en chantier" la controversée réforme des retraites adoptée à son initiative en 2023, devant des sénateurs circonspects.

La scène a de quoi faire sourire ou étonner: vers 15h25 au Palais du Luxembourg, l'ancienne Première ministre, principale cible des oppositions il y a deux ans pour avoir utilisé l'article 49.3 sur cette loi décriée, fait un pas en arrière:

"Je choisis donc de remettre ce sujet en chantier avec les partenaires sociaux pour un temps bref", dit-elle d'un ton monotone, sans dévier les yeux de son discours.

Elisabeth Borne termine le discours avant François Bayrou

En réalité, ce discours n'est pas le sien: c'est celui du Premier ministre François Bayrou, qu'elle est chargée de lire aux sénateurs quand le chef du gouvernement le déclame - bien plus lentement - devant les députés à l'Assemblée nationale.

En face de Elisabeth Borne, l'hémicycle est resté calme, loin de l'agitation du Palais Bourbon: ni la gauche, qui espérait la suspension voire l'abrogation de la réforme, ni la droite sénatoriale majoritaire, qui avait soutenu à l'époque le texte fixant l'âge de départ à 64 ans, n'ont manifesté la moindre réaction.

Si l'actuelle ministre de l'Éducation nationale a dû se livrer à une telle concession devant la chambre haute, c'est à cause d'un usage, qui veut que le N.2 du gouvernement lise devant le Sénat la déclaration de politique générale du Premier ministre. Bruno Le Maire l'avait fait pour Gabriel Attal, Jean-Yves Le Drian pour Jean Castex par exemple. Pour Michel Barnier, c'est l'ex-ministre de la Justice Didier Migaud qui s'en était chargé.

La scène a donné lieu a quelques rires dans l'hémicycle, et même plusieurs francs sourires de la principale intéressée, qui a dû parler d'elle à la troisième personne et même s'autocongratuler: François Bayrou l'a en effet qualifiée dans son discours "d'exemple de méritocratie républicaine et de service de l'État" et de "femme exemplaire".

Mêmes exclamations un brin moqueuses lorsqu'elle a elle-même salué "les efforts courageux du gouvernement d'Elisabeth Borne" sur les retraites. Ultime originalité de cette après-midi assez improbable au Sénat: en raison de son débit bien plus rapide que celui de François Bayrou, Elisabeth Borne a en réalité effectué toutes les annonces avant même que le chef du gouvernement ne les prononce à l'Assemblée. Un "spoil" à quelques minutes d'intervalle...

C.A avec AFP