Réformes du travail et des retraites: à la CGT, les annonces d'Emmanuel Macron ne passent pas
Un président "qui n'a pas changé", un fonctionnement "irrationnel", une "augmentation du nombre de travailleurs précaires"... Pour la CGT et son représentant Denis Gravouil, l'heure est à la critique après l'interview du président Emmanuel Macron de ce jeudi 14 juillet.
Lors de cet entretien télévisé, le président a annoncé que son gouvernement tablerait sur un texte qui sera présenté à la rentrée dans le but d’atteindre l’objectif du plein emploi en France. Emmanuel Macron a d’ores et déjà dévoilé certains des thèmes qui seront réformés, à l'image de l’assurance chômage sur laquelle “il faut aller plus loin”.
Et tandis que l’objectif plein emploi n’a jamais été autant assumé par Emmanuel Macron, Denis Gravouil, membre de la direction de la CGT, estime, dans "Apolline Matin" ce vendredi sur RMC et RMC Story, qu'"on annonce des choses sans qu'on en ait parlé avant, c’est assez dangereux comme façon de faire”.
“Depuis des années, on assène le discours comme quoi les chômeurs préfèrent rester au chômage indemnisés plutôt que de travailler. Or, déjà, vous avez quatre chômeurs sur dix seulement qui sont indemnisés. Et l’indemnisation moyenne est de 900 euros, en-dessous du seuil de pauvreté. [...] Donc des gens qui préfèrent rester au chômage ou qui préfèrent partir en vacances avec des allocations chômage, ça n’existe pas", assure Denis Gravouil.
Réduction des durées d’indemnisation illogique, augmentation des salaires nécessaire
Pour cette réforme du travail, l’une des pistes explorées par le gouvernement serait de réduire les durées d’indemnisation des demandeurs d’emploi lorsque le taux de chômage est élevé. Mais pour Denis Gravouil, "c’est complètement irrationnel de fonctionner comme ça": "On ne peut pas transformer quelqu’un qui a appris un métier en lui donnant l’ordre d’aller travailler autre part dans un métier qu’il n’a pas appris".
Le représentant de la CGT met aussi l’accent sur la question des salaires. Certes, il faut former les travailleurs, "mais on a surtout besoin d’augmenter les salaires". "Prenons par exemple les saisonniers. On nous dit que certains secteurs ont des pénuries de main d'œuvre… Sauf que quand on est jeune, que l’on vous propose un Smic dans une station balnéaire où on ne trouve pas de quoi se loger, et bien on n’a pas forcément envie d’y aller car ce n’est pas rentable. Les patrons qui ont augmenté les salaires, eux, ont beaucoup moins de mal à recruter", explique Denis Gravouil.
"Faisons en sorte d’augmenter les salaires, d’augmenter la durée des contrats. On n’aurait pas eu le mouvement des gilets jaunes, on n’aurait pas eu des grèves à répétitions dans les entreprises pour augmenter les salaires si les gens vivaient correctement de leur travail", ajoute-t-il.
Enfin, sur la question de la réforme des retraites, sur laquelle le président a de nouveau affirmé la nécessité d’un départ progressif à 65 ans pour l’horizon 2030, Denis Gravouil juge inacceptable cet objectif rallonger le temps de travail pour les actifs.
"Cela ne va pas permettre aux gens de travailler dans de meilleures conditions mais au contraire de se retrouver encore plus pauvres, parmi les personnes qui sont entre 60 et 65 ans, notamment dans les métiers les moins qualifiés. Donc c’est encore une attaque scandaleuse. Et il n’est pas question que ça passe car la majorité des Français, et ça on le sait très bien dans les sondages, sont totalement opposés à ça, surtout parmi ceux qui sont actifs".
La réforme des retraites et l’augmentation des salaires seront au coeur des revendications des différents syndicats nationaux, dont la CGT, pour la journée de mobilisation prévue le 29 septembre prochain.