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Retraites: en circonscription, les députés interpellés sur la zizanie de l'Assemblée

Alors que les débats autour de la réforme des retraites ont pris fin vendredi dernier, les députés ont eu une semaine pour retourner dans leurs circonscriptions pour se rendre auprès de leurs électeurs. Et ce qu'il ressort de ces échanges, c'est que les débats à l'Assemblée n'ont pas renvoyé une bonne image.

Les vacances parlementaires touchent à leur fin. Beaucoup de députés ont passé leur semaine en circonscription. L’occasion d’être interpellés par leurs administrés après les débats sur les retraites à l’Assemblée nationale.

Et ce qui revient le plus du terrain, rapporté par les députés de la majorité jusqu’au RN, c’est le comportement jugé pèle mêle, “scandaleux”, “lamentable” donné par la Nupes lors de ces débats. “Mais on est où ?” a entendu un député macroniste dans sa circonscription. Un élu LR me raconte qu’il est allé voir des sportifs, des retraités, des soignants, et tous ne lui ont parlé que de ça, de ces débats houleux qu’ils ont vu à la télé. Un député RN a même ressenti de la compassion de la part de ses administrés. “Comment faites-vous pour tenir dans ce brouhaha ? Chapeau !”, lui a-t-on assuré.

Cet élu, un peu novice, est même désabusé. Lui qui était “fier de rentrer à l’Assemblée” redoute désormais que “la seule image qui reste de cette législature, ce soit, la bordélisation”.

À la Nupes, on le sait, cette stratégie a exacerbé les tensions au sein de l’alliance de la gauche. Mais les Insoumis les plus radicaux restent droits dans leur botte. Ils estiment même que les retours sont très positifs, exemple à l’appui, avec les commentaires élogieux sous les vidéos de leurs interventions postées sur les réseaux. Un écologiste convaincu par la Nupes est même étonné de ne pas avoir été plus interpellé que ça sur la tenue des débats.

Difficile d'assumer ?

Mais avec tout ça, on en oublierait presque le fond. Est-ce que les députés de la majorité ont continué à assumer la réforme devant leurs adminsitrés ?

Un élu raconte avoir volontairement réuni les syndicats de sa circonscription pour répondre à leurs inquiétudes. Un autre du MoDem indique qu’il a lui aussi mouillé la chemise pour défendre et expliquer, l’intérêt de la réforme.

D’autres sont plus fatalistes. “Difficile de convaincre du bien-fondé de travailler plus alors que les Français ne veulent pas”, assure un pilier de la majorité. Certains confient même avoir essuyé des critiques sur le gouvernement avec notamment, selon une élue du camp présidentiel, une Élisabeth Borne qui n’incarnerait pas suffisamment la réforme.

A droite, il y a ceux qui assument totalement face à leurs électeurs qu’ils voteront la réforme macroniste. Pour d’autres, plus gênés, moins facile de l’assumer alors qu’ils sentent de l’incompréhension de leur électorat. “Pourquoi faire ce cadeau à la macronie?”, regrettent certains administrés. Quant aux députés LR opposés depuis le début à cette réforme, ils rentrent à Paris plus galvanisés que jamais. Un élu LR d’une circonscription rurale confie “qu’il n’a pas rencontré une seule personne favorable à la réforme”.

Résultat, son électorat est désemparé par les décisions de son parti. “On se bat depuis 2017, pour être indépendant de Macron, de Le Pen, alors pour le peuple de droite, c’est incompréhensible de voter la réforme”.

Hélène Terzian