Retraites, gouvernement, budget, Mayotte: ce qu’il faut retenir de l’interview de François Bayrou

Près d'une semaine après sa nomination, le nouveau Premier ministre français François Bayrou a dit souhaiter jeudi 19 décembre au soir présenter "dans le week-end" le nouveau gouvernement, "en tout cas, avant Noël", soit mardi soir, avec l'adoption d'un budget "à la mi-février". Dans une interview sur France 2, il a également abordé la question de la réforme des retraites ou encore de la crise à Mayotte.
Bayrou appelle à une reconstruction rapide à Mayotte, "peut-être" en "deux ans"
Le Premier ministre François Bayrou a espéré que la reconstruction de Mayotte, dévastée par un cyclone, puisse se faire dans des délais "brefs", "peut-être deux ans", une tâche qui sera "surhumaine".
"Je pense qu'il faut se fixer un délai beaucoup plus bref que les cinq années" de la reconstruction de Notre-Dame, une comparaison faite par Emmanuel Macron depuis Mayotte, a indiqué François Bayrou. "Je dis peut-être deux ans. J'espère qu'on y arrivera. C'est une tâche surhumaine, immense", a-t-il ajouté.
Un gouvernement "dans le weekend", "en tout cas avant Noël"
Nommé le 13 décembre, le Premier ministre doit nommer un gouvernement rapidement pour doter le pays d'un budget, interrompu par la censure de son prédécesseur le 5 décembre, mais la difficulté est de le faire passer dans une Assemblée nationale fracturée.
"Je n'utiliserai pas le 49.3, sauf si..."
François Bayrou, sans majorité à l'Assemblée nationale, a affirmé jeudi soir sur France 2 qu'il n'utiliserait pas l'article 49.3 de la Constitution, sauf "blocage absolu sur le budget".
"Je n'utiliserai pas le 49.3, sauf s'il y a blocage absolu sur le budget. (...) Je souhaite le plus de dialogue possible. Et sur les autres textes, je n'utiliserai pas le 49.3, sauf catastrophe", a déclaré le Premier ministre, s'adressant aux partis "dans l'opposition" mais qui "acceptent de dialoguer" et de ne pas renverser son gouvernement.
Retraites: une autre solution que le report de l'âge à 64 ans?
François Bayrou a dit croire qu'il pouvait y avoir une autre solution pour le financement du système des retraites que le report de l'âge de 62 à 64 ans, comme dans la réforme contestée qui avait été adoptée en 2023.
Interrogé pour savoir s'il y avait une autre solution que le report de l'âge à 64 ans, le Premier ministre a répondu sur France 2: "Oui, je crois", en rappelant qu'il avait été "un militant de la retraite à points".
"On peut trouver une organisation différente, mais il va aussi falloir se poser la question du financement", a prévenu François Bayrou, qui a proposé jeudi après-midi aux forces politiques et aux partenaires sociaux de rouvrir une discussion sur les retraites pendant neuf mois, mais "sans suspendre" la réforme de 2023, "parce que, quand on suspend, évidemment, on ne reprend jamais".
Bruno Retailleau au gouvernement
Par ailleurs, sur la composition de son futur gouvernement, François Bayrou a affirmé sur France2 qu'il souhaitait que le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau soit membre du gouvernement qu'il entend nommer avant Noël.
"Je pense que Bruno Retailleau a montré ces dernières semaines et derniers mois qu'il avait trouvé des décisions et des orientations qui répondaient à une partie de ce que l'opinion demande", a-t-il précisé, alors que le maintien de Bruno Retailleau à Beauvau irrite le PS, avec qui François Bayrou cherche à nouer un accord de non-censure.
Budget "mi-février"
François Bayrou a dit espérer l'adoption d'un budget "à la mi-février", alors que les travaux en ce sens ont été interrompus par la motion de censure qui a renversée le précédent gouvernement.
"Moi, j'espère qu'on peut l'avoir à la mi-février. Je ne suis pas sûr d'y arriver", a déclaré le Premier ministre, qui a précisé qu'il repartirait de "la copie qui a été votée" au Parlement avant la censure du gouvernement de Michel Barnier.
Condamnation de Nicolas Sarkozy
En fin d’interview, François Bayrou a dit avoir eu de la "peine" après la condamnation de l'ancien président Nicolas Sarkozy dans l'affaire des écoutes à un an de prison ferme sous bracelet électronique pour corruption et trafic d'influence, une sanction inédite pour un ancien chef de l'État.
"J'ai affronté Nicolas Sarkozy, durement dans ma vie, et quand j'ai appris ce verdict, ça m'a fait de la peine" pour "lui et pour les siens" et "je sais ce que c'est que de se trouver devant l'appareil de la justice et ce sentiment-là, je ne l'efface pas", a déclaré sur France 2 le Premier ministre, qui entretient des relations glaciales avec l'ancien chef de l'État.
Lui-même a été relaxé en février dans l'affaire des assistants des eurodéputés de son parti le MoDem au Parlement européen. Le parquet a fait appel, et la date du procès en appel n'a pas encore été fixée.