"Tout a encore été cassé": la colère des agriculteurs après le retoquage de la loi d'Orientation agricole

Gros coup de rabot dans la loi d’Orientation agricole. Cette loi avait été votée fin février juste avant le Salon de l’Agriculture, et avait fait retomber la colère du monde paysan. Mais le Conseil constitutionnel, saisi par les députés écologistes et insoumis, a rendu sa décision jeudi soir, et a censuré, totalement ou partiellement, près d’un tiers des articles.
Parmi eux, plusieurs mesures censées consacrer le principe de souveraineté alimentaire.
Face à cette amputation de la loi, les agriculteurs s'indignent, et les associations écologiques se disent soulagées. Avec 14 articles retoqués il y a d'abord une sensation de retour en arrière. “Tout a encore été une nouvelle fois cassé. Ça va faire des mois pour ne pas dire des années que ça dure”, s'indigne Patrick Legras, le porte-parole de la Coordination rurale, piqué notamment par le refus du principe dit de "non-régression de la souveraineté alimentaire".
Une mesure censée mettre la souveraineté alimentaire à égalité de la protection de l'environnement. “On voulait que l’agriculture soit au même niveau que l’environnement. Si elle n’est pas une priorité, elle perd sa souveraineté”, appuie-t-il.
Soulagement des associations écologistes
Il dénonce aussi le rejet d'une disposition censée interdire les normes françaises plus strictes que les normes européennes. Une mesure de simplification qui est fortement demandée par les agriculteurs.
A l'inverse, c'est le soulagement du côté des associations écologistes. Thomas Uthayakumar est directeur des programmes de la Fondation pour la nature et l'homme.
“Ils voulaient positionner l'agriculture au même niveau ou au-dessus des enjeux environnementaux. Donc évidemment que c’est positif que ces mesures aient été retoquées”, appuie-t-il.
La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a affirmé que les mesures retoquées ne seraient pas pour autant enterrées et que le travail continuait pour trouver des solutions réglementaires, pour les déployer.