Orpea, nucléaire, prix de l'essence: ce qu'il faut retenir de l'interview de François Ruffin

Invité de RMC et BFMTV ce vendredi matin, François Ruffin a déploré la hausse des prix de l'énergie et l'inaction du gouvernement face aux grandes entreprises, comme Total, tout en se disant opposé à une augmentation du parc nucléaire français.
- "L'aumône" de Total aux Français
Un geste trop faible. Le député de La France Insoumise François Ruffin a qualifié "d'aumône" l'annonce du patron de Total Energie, qui a promis un chèque de 100 euros à 200.000 clients en situation de précarité et qui a promis un système de réduction de 5 euros dès l'achat de 50 litres d'essence.
"On devrait entendre le gouvernement. En deux ans, Total a vu son cours en bourse doubler. Cela représente 15 milliards d'euros de profit pour total cette année. Bravo à Total si cela représente 10 milliards d'euros. Je crois que c'est une aumône. L'essentiel va partir aux actionnaires alors que la fortune des milliardaires français a augmenté de 64% en un an de crise sanitaire", a déploré ce mercredi sur RMC et BFMTV François Ruffin, soutien de Jean-Luc Mélenchon dans la course à la présidentielle.
"Je veux que le gouvernement bloque les dividendes de Total et les prix à la pompe", a ajouté le député de la Somme.
- Macron et le "détricotage" dans le dossier Alstom-General Electric
Virage à 180 degrés. Alors qu'en 2014, Emmanuel Macron le ministre de l’Economie de l'époque, avait validé la cession de la branche énergie d’Alstom à General Electric, les activités nucléaires du groupe américain sont en passe de repasser sous giron français. Le conseil d'administration d'EDF s'est réuni lundi pour évoquer le rachat des activités nucléaires de GE, après plusieurs mois de négociations entre les deux groupes, sous la pression du gouvernement français.
"On a un président de la République qui était ministre qui a décidé de solder un fleuron français en le donnant à General Electric rendant service à Bouygues et le fait repasser sous pavillon français", a déploré François Ruffin. "Macron vient détricoter ce qu'il a tricoté avec un certain nombre de faits litigieux qui sont devant la justice française. L'aberration, c'est d'avoir cédé un fleuron du patrimoine français aux Américains. On leur redonne de l'argent dans l'autre sens, avec des cabinets de conseil qui ont dû prendre leur part au passage. Tout est bien qui finit bien avec une partie des salariés qui ont été oubliés", a-t-il lancé.
"Si Emmanuel Macron veut continuer à détricoter ce qu’il a tricoté, il peut remettre l’ISF. Il a supprimé 1.000 postes dans l'Education nationale, il n'a qu'à détricoter et les remettre", a plaidé François Ruffin.
- Mieux encadrer le nucléaire
Alors qu'EDF a annoncé la mise en arrêt de trois réacteurs nucléaires pour vérifier la présence d'éventuels problèmes de corrosion, François Ruffin s'est dit contre une relance du nucléaire, comme pourrait l'annoncer Emmanuel Macron. "Je ne suis pas favorable à une relance du nucléaire mais je veux qu’on ait un vrai secteur public sur le nucléaire. Le fait de sous-traiter des pans entiers au privé, c’est de l’insécurité pour les salariés et pour les sites eux-mêmes", a assuré le député avant de demander un référendum.
"Ma position, c’est que l’énergie que l’on veut demain réclame un vrai débat qui ne va pas se tenir en quelques semaines seulement. Ce débat doit se faire avec tous les Français et par référendum. Je suis favorable à ce référendum", a-t-il assuré.
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- Réquisitionner les Ehpad d'Orpea
Les députés "n’ont rien obtenu" de l’audition des dirigeants d’Orpea, a assuré François Ruffin, alors que la direction du groupe, numéro un mondial des maisons de retraites, était auditionné par l’Assemblée nationale après les révélations de maltraitance des résidents dans ses Ehpad.
"Les résidents ont été rationnés sur tout, les soins, les couches, sur l'humain en somme. De l’autre côté, il y a eu 1 million d'euros de rémunération pour le directeur, 25% de marge pour la société et des dividendes aux actionnaires. On n'a pas obtenu de réponses satisfaisantes. Maintenant, j’attends le gouvernement dessus: qu’est-ce qu’il veut faire ? Rien. Il pleurniche", déplore le député de la Somme, qui demande de passer les Ehpad Orpea sous un statut particulier.
"Je veux moi la réquisition d’Orpea. Cela veut dire que l’on prend les maisons de retraite Orpea et on les passe sous statut public associatif. On ne nationalise pas mais on les passe sous contrôle de l’Etat. Je souhaite que les actionnaires ne reçoivent pas un euro parce que pendant des années, ils ont perçu des dividendes sur la maltraitance des personnes âgées en Ehpad. On ne va pas les indemniser pour ça", a-t-il lancé.
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- Rétablir la confiance avec la police et en la police
Sur la question des violences faites aux personnes, en forte augmentation selon le ministère de l’Intérieur, François Ruffin l’assure, La France insoumise ferait mieux: "La police aujourd’hui ne sait plus quelle est sa mission. On avait il y a 20 ans la police du quotidien avec Jean-Pierre Chevènement. On a ensuite eu avec Nicolas Sarkozy la police du chiffre. Aujourd’hui on n’a pas de politique posée avec Gérald Darmanin".
"Je vais y aller avec modestie mais je pense qu’on ferait mieux. L’objectif de la police aujourd’hui c’est d’aller vers une police de la confiance en rétablissant cette confiance entre policier et citoyens. Je pense qu’il faudra rétablir la confiance avec la police aussi. Je pense qu’il y a un malaise de la police parce qu’on ne lui fixe pas d’objectifs", a-t-il ajouté, estimant que la faute des violences policières incombait aux politiques au pouvoir et aux donneurs d'ordre. "C'est le pouvoir politique qui tient la matraque".