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"Bloquez l’Élysée plutôt que le peuple": les commerçants inquiets de la mobilisation du 10 septembre

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"Bloquons tout". C'est le message qui est relayé depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux. Un appel au blocage le 10 septembre que redoutent les commerçants et autres restaurateurs. Car si on ne connaît pas encore l'ampleur de la mobilisation, celle-ci de par sa genèse n'est pas sans rappeler celle des "gilets jaunes" en 2018.

Quelle mobilisation pour le 10 septembre? Alors que les appels au blocage général se multiplient sur les réseaux sociaux, les services de renseignement tablent sur au moins 100.000 participants à travers la France.

Une mobilisation qui rassemble, mais qui inquiète aussi. C’est notamment le cas des commerçants et autres restaurateurs. Tous en encore en tête les images des épisodes des “gilets jaunes” en octobre 2018 où, samedi après samedi, les manifestations avaient bloqué les rues de certaines villes obligeant les commerçants à se barricader pour éviter la casse.

"Bloquons tout" : encore les commerçants qui vont trinquer ? - 05/09
"Bloquons tout" : encore les commerçants qui vont trinquer ? - 05/09
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C’est par exemple le cas de Brigitte Rouach qui tient une boutique de prêt-à-porter à Paris. “Il faut qu’on soit ouvert. On est commerçant et on ne peut pas se permettre de perdre une journée. On a peur d’avoir une vitrine cassée. Donc, voilà, ça fait peur”, confie-t-elle.

Un sentiment partagé en dehors de la capitale. À Montpellier, Véronique Sorrant, gérante d’une boulangerie, s’inquiète de possibles débordements.

“Je suis prête à fermer dès que je vois que ça dégénère en fait. On ne roule pas sur l’or et on n’a pas envie de se faire casser parce que se faire indemniser ce n’est pas évident. Et puis on n’a pas envie de se faire blesser non plus parce qu’on ne sait pas où ça peut s’arrêter”, assure-t-elle.

"Arrêtez de bloquer le peuple"

Le mouvement du 10 septembre se veut très généraliste. Les manifestants ne sont pas tous regroupés derrière une cause hormis peut-être celle d’un ras-le-bol de la classe politique. Non, les revendications sont nombreuses.

Mais selon le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, il n’y aura pas de mouvements d’ampleur, même s’il estime que des actions spectaculaires menées par la mouvance d’extrême gauche et d’ultragauche sont possibles. “Compte tenu de ces mouvances-là, de leur radicalité, il peut y avoir des actions spectaculaires", a déclaré le ministre de l'Intérieur lors d'un déplacement à Clermont-Ferrand.

Et pourtant ce qui vont subir ces actions ou la possible casse, ce sont les commerçants. Comme trop souvent dénonce sur RMC, le chef-restaurateur Yves Camdeborde.

“Il y a beaucoup de petites PME ou de commerces qui sont en grande difficulté. Donc devoir fermer deux, trois jours parce qu’on dit le 10, mais ça peut être le 10, le 11, le 12… Ce n’est pas évident. Et c’est toujours un peu le problème de ces manifestations. J’ai envie de leur dire d'aller bloquer la rue Saint-Honoré ou l’Élysée plutôt que de bloquer le peuple”, indique-t-il.

"Ils râlent sur la nullité de nos hommes politiques"

Il poursuit en prenant l’exemple de la ville de Pau, territoire du Premier ministre François Bayrou. “La mairie est sur la Place Royale où il y a beaucoup de commerçants et pour eux, ça va être très compliqué. Ils ont intérêt à fermer voire à barricader leurs devantures pour ne pas se retrouver encore une fois cassés”, appuie-t-il.

Pour Mourad Boudjellal, cette manifestation du 10 septembre pourrait être un point de non-retour. En effet, il constate une évolution chez les personnes qui manifestent. “Avant, il y avait des gens qui râlaient pour les fins de mois difficiles. Là, le malaise est beaucoup plus profond. Ce sont des gens qui travaillent beaucoup et qui râlent contre le pouvoir, qui râlent parce qu’on est le pays avec le plus de taxes et qui râlent parce que même en travaillant beaucoup, ils ne s’en sortent pas. Ils râlent sur la nullité de nos hommes politiques. Parce qu'il n'y en a aucun qui nous sort de la merde”, explique-t-il.

Si le gros du mouvement est prévu pour le 10 septembre avec les appels au blocage, la mobilisation pourrait commencer avant. Dès lundi soir en fait. Des appels au rassemblement ont été lancés pour lundi devant toutes les mairies vers 18h-20h pour des “apéros”, disent certains pour “célébrer le départ de Bayrou”, dire “bye bye” au Premier ministre.

Guillaume Descours Journaliste RMC