"La France est complètement à la rue": face au harcèlement scolaire, des parents délaissés

Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation, réunit ce lundi tous les recteurs et les rectrices pour un "audit" sur les situations de harcèlement signalées aux rectorats l'an passé. Une décision qui fait suite à la découverte d'un courrier envoyée par le rectorat aux parents du jeune Nicolas, qui a mis fin à ses jours. "Une honte" a déclaré le ministre. Dans son courrier, le rectorat mentionnait l'article du Code pénal qui punit les dénonciations calomnieuses, leur rappelant qu'elles sont passibles de cinq ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende. Il demandait aussi aux parents "d'adopter désormais une attitude constructive et respectueuse envers les membres de la communauté éducative".
"Ce n'est pas possible, vous fabulez"
Après la découverte de ce courrier, les témoignages de parents qui font face à des réponses inadaptées, quand ils se plaignent du harcèlement que subit leur enfant, pleuvent.
C'est le cas d'Anne-Laure, qui a toujours l'estomac quand elle parle du harcèlement scolaire subit par son fils il y a deux ans.
"Mon fils se faisait mettre des claques", confie-t-elle.
À l'époque, Anne-Laure alerte l'école de son fils. "C'est eux qui règlent, ils font des séances, ils s'expliquent avec les enfants. En gros, les parents ne doivent pas intervenir", explique-t-elle.
Mais la situation ne s'arrange pas, alors que l'académie est au courant. Anne-Laure écrit à nouveau à la directrice, et la réponse est inattendue pour la maman: "C'est là que j'ai eu: 'il n'y a pas d'harcèlement scolaire dans mon école, ce n'est pas possible, vous fabulez'."
Sans solution, elle finit par changer son fils d'école, et même de pays, elle qui habite dans une commune près de la frontière suisse. "Il a été accepté dans une école en Suisse. Je leur ai expliqué la situation. C'est le jour et la nuit", constate Anne-Laure.
"La France est complètement à la rue", ajoute la maman.
"Que le point de vue change"
La Fédération de parents d'élèves espère que cette réunion entre les recteurs et le ministère va permettre une prise de conscience et surtout le retour de la confiance avec les parents.
"Aujourd'hui le problème, c'est que, quand on vient signaler un harcèlement, on commence par demander la preuve du harcèlement. Nous, on voudrait que le point de vue change, que l'a priori soit de croire la personne qui se plaint de harcèlement", détaille Guislaine Morvan-Dubois, membre du bureau national de la FCPE.
Les parents d'élèves demandent également plus de présence d'adultes dans les établissements.