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Aveyron: un village cherche un médecin, "c'est une vraie urgence"

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Un village d'Aveyron cherche désespérément un médecin généraliste pour les habitants de la commune depuis le début du mois de juillet. L'ancien professionnel de santé est parti à la retraite.

Tout un village désespère. À Najac, en Aveyron, trois banderoles "Nous recherchons un médecin généraliste" ont fleuri aux entrées du village. Après le départ à la retraite du médecin de la commune début juillet, la municipalité peine à attirer un nouveau professionnel de santé. Un exemple de plus des déserts médicaux en zone rurale.

"Nous n'avons à ce jour pas de solution", confie Gilbert Blanc, maire de Najac, dans les Grandes Gueules ce mardi sur RMC. "Il y a bien deux médecins dans le village à côté, à 4 km, mais ils ont 76 et 68 ans... Ce n'est pas une solution pérenne", continue l'élu.

La commune a recensé 800 habitants, mais le bassin représente plus de 4.500 habitants selon Gilbert Blanc. Et depuis Najac, il faut 24 km, soit 30 minutes de route, pour atteindre le premier service d'urgence, à Villefranche-de-Rouergue.

"Qu'est-ce qu'on fait si quelqu'un fait une crise cardiaque ou un AVC et qu'il n'y a pas de médecin? C'est une vraie urgence", s'inquiète le maire.

"La ruralité souffre"

Pourtant, le village est "dynamique" selon son maire: la population a augmenté de 10 % au dernier recensement, il y a des nombreuses activités toute l'année, et une ligne SNCF relie Toulouse en 1h30.

Mais le problème est aussi présent dans beaucoup d'autres endroits en France, rappelle Zohra Bitan, cadre de la fonction publique. "La ruralité souffre, dans plein de domaines, assure-t-elle. Les écoles sont loin, il n'y a pas d'infrastructures, les accès, les trains ont été supprimés... La France a été construite autour de Paris et de quelques grandes villes, le reste a été abandonné."

"C'est la fin d'un système", s'accorde à dire Emmanuel de Villiers, chef d'entreprise. "On ne peut pas rester dans le tout public, il va falloir trouver des solutions", avance-t-il en parlant d'une meilleure paie pour les médecins.

Médecins saturés

Les zones rurales ne sont pas les seules à souffrir du manque de professionnels de santé. Sophie, agricultrice et auditrice des Grandes Gueules, témoigne: "On a beau avoir des maisons médicalisées et des médecins partout, on ne peut pas y accéder. Les maisons sont complètement saturées, overbookées, on ne veut pas nous prendre".

Même constat pour Bruno Poncet, cheminot et syndicaliste. "Ce qu'ils vivent à Najac, moi je le vis à Asnières-sur-Seine à 5 km de Paris. Nous, on n'arrive même plus à avoir un médecin généraliste parce qu'ils ne prennent plus personne." Le chroniqueur se demande si "forcer un peu" les médecins à se répartir sur le territoire ne serait pas une bonne idée.

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En attendant de trouver une solution, Najac accueille régulièrement des internes pour leur faire découvrir son territoire. Et croise les doigts...

Laure-Anne Marxuach