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"On ne sait pas quel aliment l’a tuée": le gouvernement lance une réflexion sur les SHU

Des familles de victimes d'un syndrome hémolythique et umérique (SHU), causé par la bactérie E.coli, toujours transmise après une intoxication alimentaire, veulent inscrire la maladie sur la liste des maladies à déclaration obligatoire.

C'est un autre volet de l'affaire des pizzas Buitoni. Avec ce scandale sanitaire, la France a aussi découvert l'existence d'un syndrome grave d'intoxication alimentaire: le SHU. Un syndrome qui fait des dizaines, voire des centaines de victimes, chaque année. Des familles ont contacté RMC pour que les autorités s'emparent du problème.  

Parmi ces victimes, RMC a recueilli le témoignage de Catherine, la tante d'une petite fille, Eva, décédée en début d'année, victime d'un SHU, syndrome hémolytique et urémique. Cette maladie n'arrive pas par hasard. C'est après une intoxication alimentaire et toujours à cause d'une bactérie, la bactérie E.Coli, celle qu'on a retrouvé dans les pizzas Buitoni. Mais Eva, elle, n'avait pas mangé de pizza. Et sa famille ne saura jamais ce qui l'a tuée.

"C'était une petite fille qui était pleine de vie et du jour au lendemain, tout s'arrête. C'est un cas isolé. À partir du moment où c'est un cas isolé, les investigations ne se poursuivent pas. C'est scandaleux. On a le droit de savoir quel est l'aliment qui l'a tuée. Tant qu'on ne le saura pas, on ne peut pas faire le deuil. On voudrait trouver la clé du mystère et on voudrait enfin que les enquêtes sanitaires s'occupent des cas isolés. Nous sommes dans une souffrance extrême. Aidez-nous s'il vous plaît", confie Catherine.

Les parents d'Eva ont signé, avec d'autres familles de victimes, une pétition qui a déjà recueilli près de 24.000 signatures. Ils réclament que chaque cas de ce type d'intoxication alimentaire soit recensé par les autorités sanitaires et qu'une enquête soit systématiquement menée.

Le ministère de la Santé interpellé

"On a découvert qu'il n'y a que 34 établissements hospitaliers qui remontent cette information-là, qui sont volontaires, explique à RMC Dorothée Dutel, vice-présidente de l'association 'SHU, sortons du silence'. Si on devait vraiment avoir tous les établissements hospitaliers qui devaient faire une déclaration obligatoire de la maladie, ce pourquoi on se bat, on aurait sûrement trois fois la quantité de SHU qu'on connaît aujourd'hui. Il est certain que si une enquête était obligatoirement menée dès le premier cas, les industriels ou les producteurs seraient beaucoup plus sensibilisés et feraient beaucoup plus attention à ce qu'ils mettent sur le marché."

Il faudrait ainsi inscrire la maladie sur la liste des maladies à déclaration obligatoire, au même titre que la légionellose par exemple. Cela aurait permis d'éviter une quarantaine de victimes dans l'affaire Buitoni, selon l'association. Celle-ci a écrit une lettre au ministère de la Santé pour qu'il s'empare de cette question. Mais sans réponse positive de sa part, elle envisage d'aller en justice.

Le ministère de la Santé, que RMC a également interrogé, estime que le système actuel a "démontré, depuis sa création, sa capacité de détection précoce des cas groupés". Pour autant, le ministère de la Santé et de la Prévention affirme qu’il "entend l’inquiétude légitime des familles": "Les autorités sanitaires vont engager une réflexion, avec toutes les parties prenantes, pour évaluer le fonctionnement actuel et les différentes pistes de renforcement de la surveillance et du suivi des cas de SHU".

Anne-Lyvia Tollinchi et Marie Dupin