"C'est trop dangereux": faut-il une visite médicale tous les 15 ans pour garder son permis de conduire?

Une vie brisée en confondant l'accélérateur et le frein. Un homme de 92 ans qui n'était plus en état de conduire a fauché en 2018 Pauline Déroulède, qui a perdu l'usage de sa jambe gauche à cause de cet accident. Depuis, cette athlète championne de France de tennis-fauteuil milite activement pour la fin du permis de conduire "à vie". Une proposition de loi est ainsi discutée et votée ce mercredi 28 février en ce sens au Parlement européen, sous l'impulsion de l'eurodéputée EELV Karima Delli, présidente de la commission des Transports.
"C'est pour protéger tout le monde. Ma vie a radicalement changé à cause de ça et je ne souhaite ça à personne", explique Pauline Déroulède dans Apolline Matin ce mercredi sur RMC et RMC Story.
"On n'est pas tous égaux, c'est pour ça qu'une petite visite médicale est nécessaire"
Elle argue ainsi qu'une telle mesure permettra également de protéger des personnes qui ne sont plus en état de conduire. "J'ai eu un échange avec le conducteur qui était responsable de mon accident, et c'était un échange fort car je me suis aperçue que je n'étais pas la seule victime dans ce drame. Que ce dernier était victime de lui-même, qu'il savait qu'il n'était plus capable de conduire et qu'il avait repoussé l'échéance maintes et maintes fois", explique-t-elle. Et Pauline Déroulède assure que s'il y avait eu une loi, l'homme qui l'a fauchée l'aurait respectée.
"C'est pour ça qu'il faut absolument qu'on y arrive. Aujourd'hui, le permis est délivré jusqu'à notre mort et c'est trop dangereux. On n'est pas tous égaux, c'est pour ça qu'une petite visite médicale est nécessaire", juge Pauline Déroulède.
Une mesure anti-vieux, dénoncent les détracteurs
Un avis qui n'est pas partagé par Alexandra Legendre, porte-parole de la Ligue de défense des conducteurs, qui estime que c'est une mesure "anti-vieux" alors que les accidents mortels sont principalement causés par des jeunes selon elle. "Le problème, c'est que cette directive va cibler directement des gens qui n'ont jamais eu d'accidents", souffle-t-elle à notre micro, avançant le chiffre de 9% des plus de 75 ans impliqués dans des accidents mortels.
Des chiffres qui convainquent pas Pauline Déroulède. "Un mort, c'est déjà trop", rétorque-t-elle. "Ne rien faire, ce serait stigmatiser une partie de la population. Les visites, pour moi, doivent être pour tous les conducteurs. Même à 50 ans, on peut être moins en possession de ses moyens qu'à 80 ans", argue-t-elle.
Ce projet de visite médicale pourrait être sur la base du volontariat. Elle serait simple et gratuite, avec des tests de vue, d'ouïe et de réflexes. Quatorze pays parmi nos voisins européens ont déjà mis en place un bilan médical obligatoire, dès 40 ans au Portugal, et 50 ans en Italie. Aux Pays-Bas, un examen est obligatoire tous les cinq ans à partir de 75 ans.