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"Les élus font tout et n'importe quoi": la légalité des ralentisseurs pose encore question

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Le Conseil d'Etat a donné raison à deux associations de motards et d'automobilistes qui contestent l'installation de certains ralentisseurs et dos d'âne. Ces deux associations estiment que ces dispositifs n'apportent rien en termes de sécurité routière et d'écologie.

Deux associations, Pour une mobilité sereine et durable (PUMSD) et la Fédération française des motards en colère (FFMC), contestent la conformité des ralentisseurs installés sur la voie publique dans le Var. Et le Conseil d'Etat leur a donné partiellement raison, une décision qui pourrait faire jurisprudence et sceller l'avenir des dos d'âne sur les routes de France.

"Le Conseil d'Etat n'a rien compris à l'arrêt de la Cour d'appel de Marseille qui nous donnait tort et a décidé de le casser pour refaire juger la légalité des ralentisseurs", explique ce mardi sur le plateau des "Grandes Gueules" Thierry Modolo, le président de PUMSD, qui estime qu'après le Var, toute la France pourrait être concernée.

Des règles bien précises peu respectées

Dos d'âne, casse-vitesse... Le Conseil d'Etat demande une clarification en la matière face aux différents modèles, alors que depuis un décret du 27 mai 1994, les 450.000 ralentisseurs de France doivent respecter plusieurs règles.

Ainsi, une route qui voit passer plus de 3.000 véhicules par jour ne peut pas avoir de dos d'âne, ni une voie à proximité d'un hôpital. Le non-respect de ces règles entraînerait une hausse des accidents et une dangerosité accrue, même pour les deux-roues, qu'ils soient motards ou cyclistes.

Les "coussins berlinois", sont particulièrement visés. Ces dos d'âne, qui ne prennent pas toute la largeur de la route pour ne pas ralentir les véhicules d'urgence et les bus, multiplient parfois par trois la distance de freinage.

"Les ralentisseurs, c'est antinomique avec la sécurité routière", déplore Thierry Modolo. "Un ralentisseur, c'est tout sauf écologique. Un véhicule qui passe sur un ralentisseur, c'est a minima une augmentation de la pollution atmosphérique de 25%, de 27% des gaz à effet de serre et de 300 à 1.000% des particules fines", avance-t-il, alors qu'un ralentisseur implique de freiner et réaccélérer.

Au pays des GG : Dans le Var, deux ralentisseurs jugés non-conformes - 31/10
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Les biens immobiliers affectés par les ralentisseurs?

"Les élus font tout et n'importe quoi concernant la voirie", ajoute Thierry Modolo qui estime que la disparition de la DDE, la direction départementale de l'équipement, qui a entraîné la récupération de la gestion des ralentisseurs par les maires, a entraîné la situation actuelle. Et il ajoute qu'un ralentisseur ferait perdre 25% à la valeur d'un bien immobilier, en raison du bruit et des vibrations supplémentaires qu'il entraîne.

"Les élus s'octroient le droit de passer outre la réglementation et la loi pour implanter des ralentisseurs et faire plaisir à leurs administrés", estime Thierry Modolo sur RMC et RMC Story.

Selon la Ligue de défense des conducteurs, la moitié des 450.000 ralentisseurs de France seraient illégaux.

G.D.