Imposer le français sur les chantiers publics c’est de la folie, je tombe des nues
La clause Molière est une nouvelle disposition imposant le français sur les chantiers publics. Mise en place jeudi dernier par la région Île-de-France et sa présidente Valérie Pécresse, elle doit privilégier les entreprises qui emploient des travailleurs parlant le Français. Le but: renforcer la sécurité sur les chantiers et... lutter contre le recours aux travailleurs détachés. Une mesure que Laurent, entrepreneur dans le bâtiment et auditeur des Grandes Gueules ce lundi, juge complètement folle.
"C’est encore une idée sortie du cerveau de je ne sais pas qui, qui n’a pas grand chose à faire. Il faut bien voir la difficulté du métier. Je vais faire une analogie avec un pilote de ligne. C’est mieux de se comprendre avec la personne qui est à la tour de contrôle évidemment, il y a un peu de bon sens. Maintenant le problème est plus général. Qu’il y ait un référent qui parle la langue, évidemment. Pour les travailleurs détachés, il faut se poser la question de, pourquoi il n’y a que de la main d’œuvre étrangère?", a-t-il lancé.
"J’ai une entreprise et je lance un appel à RMC. Trouvez un travailleur français, qui parle français, qui est prêt à gagner 1 500 euros, travailler dans Paris, monter au 5ème étage des plaques de BA 13 et redescendre avec des plaques de gravats sur le dos. Trouvez-en un, je l’embauche dans l’heure", a poursuivi l'entrepreneur.
"On jongle avec les lois"
Pour lui, il est impossible de répondre à ces contraintes. Il a notamment expliqué que le problème venait souvent des entreprises de sous-traitance, auxquelles il est obligé de faire appel pour trouver des ouvriers.
"Nos ouvriers sont déclarés officiellement et comme tout le monde, on fait appel à de la sous-traitance. On ne va pas surveiller le sous-traitant du sous-traitant du sous-traitant. Evidemment on sait ce qui se passe dans le bâtiment, on jongle un petit peu avec toutes ces lois, en respectant la sécurité. Après un entrepreneur qui vous dira qu’en faisant des gros chantiers, il contrôle toute sa main d’œuvre, connait leurs noms, sait où ils habitent et ce qu’ils ont mangé, personnellement je n’en connais aucun", a-t-il lâché.
Cette mesure serait donc en totale inadéquation avec la réalité d’un travail, que les auteurs de cette clause Molière ne maîtrisent pas, selon Laurent.
"Aujourd’hui, on nous demande parfois de prendre des apprentis qui ne sont pas capables de monter sur un escabeau ou de porte un marteau piqueur, donc c’est un peu compliqué.", rapporte-t-il.
"J’entendais Monsieur Jacques Chanut de la Fédération française du bâtiment, dire qu’il y a des contrôles sur les chantiers. Je suis content de savoir que ce monsieur passe son temps à pondre des sujets comme ça, c’est de la folie, je tombe des nues. Ils sont censés être les personnes qui nous représentent le mieux… Je ne sais pas s’il a déjà mis les pieds sur des chantiers, c’est fou", a conclu l'invité.