Prix de l'électricité: comment la France peut "reprendre le contrôle"

Emmanuel Macron a promis d'annoncer en octobre une reprise du "contrôle du prix de notre électricité". L'objectif du président de la République, éviter l'énorme hausse des prix de l'électricité comme celle connue en fin d'année 2022: de 50 euros le mégawattheure en début d’année 2021, le prix de gros est monté jusqu’à 1.000 euros pendant l’été 2022.
Ce marché de gros de l'électricité, il est européen. Le prix de l’électricité est déterminé par les coûts de production de la dernière centrale appelée pour assurer l’équilibre entre l’offre et la demande, souvent les centrales à gaz. Et comme le gaz a flambé avec la guerre en Ukraine, l’électricité a aussi flambé. Au final, le prix est très éloigné des coûts de production de l'électricité en France, grâce aux nombreuses centrales nucléaires.
Celles-ci étant en partie indisponibles fin 2022, la hausse s'est amplifiée et s'est répercutée sur des milliers d’entreprises qui n’ont plus de tarifs réglementés, et qui a couté des milliards d’euros à l’Etat pour protéger les consommateurs.
Au final, le prix est très éloigné des coûts de production de l'électricité en France, habituellement bas grâce aux nombreuses centrales nucléaires.
Vers un bras de fer avec EDF?
Voilà pour les causes. Pour les solutions, le président de la République entend donc reprendre le "contrôle du prix de notre électricité" pour qu'elle soit "soutenable à la fois pour nos entreprises et nos ménages".
Emmanuel Macron veut jouer sur les deux leviers principaux qui fixent le tarif réglementé que payent 70% des Français: les coûts de production du nucléaire d'EDF et les prix de gros sur les marchés européens.
"On peut décider qu'en France désormais, l'électricité sera vendue par EDF aux Français, comme c'était le cas il y a 40 ans, à un prix qui reflète les coûts de production", défend au micro de RMC Jean-Pierre Favennec, expert en questions énergétiques. "Le coût du mégawattheure, ce n'est pas 600 euros, c'est 60 euros. Tout le monde sera content, EDF couvrira ses coûts et les consommateurs paieront le prix normal", estime-t-il.
Pas sûr que cela plaise à EDF cependant. Car le message du gouvernement est très clair: c’est l’Etat, redevenu actionnaire à 100%, qui fixera les prix bas. Ce qui n’est pas du goût du nouveau patron d’EDF qui lui voudrait des prix plus élevés pour gagner plus et rembourser sa montagne de dettes (65 milliards d’euros). On favorise donc les Français au risque de fragiliser un peu plus EDF.
Un second bras de fer avec l’Europe
Le gouvernement souhaiterait donc aligner les tarifs supportés par les consommateurs aux coûts supportés par les producteurs français. Encore faut-il que l'Europe soit d'accord: l'Espagne et le Portugal ont dû négocier pour obtenir des dérogations aux règles du marché européen.
Ce que semble avoir fait aussi la France. "On a négocié dur", explique ce mardi sur RMC et RMC Story Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l'Industrie. "Il faut de l'électricité décarbonée pas cher. On veut que l'électricité soit aussi bon marché que ce qu'elle nous coûte. On est dans la dernière ligne droite de la négociation", assure-t-il.
Deux visions de l'énergie s'opposent sur le marché européen. La française, qui veut remettre en cause le marché de gros actuel donc et se déconnecter des prix du gaz. Et l’allemande, qui trouve que ce système a toujours permis d’éviter les "black out". Car le renouvelable allemand ne suffit visiblement pas tout seul à répondre aux besoins du pays.