Reste à dépenser des ménages: est-on réellement avantagé en vivant dans une grande ville française?

Une idée très, très répandue. Dans l’imaginaire de certains, il serait évident qu’un citadin vivant dans une grande ville serait plus à l’aise financièrement que lorsque l’on habite en zone rurale.
Alors, pour vérifier, l’organisme France Stratégie s’est intéressé à ce qu’on appelle le “reste à dépenser” des ménages, c’est-à-dire ce qu’il reste dans le porte-monnaie des Français lorsqu’ils ont réglé toutes les dépenses obligatoires comme le logement, le transport et la nourriture.
Par unité de consommation, ce “reste à dépenser” est de 808€ par mois dans le Nord de la France, contre par exemple 830€ en Méditerranée. Le montant augmente sensiblement à 938€ dans l’Est du pays… et même jusqu’à 1.165€ en région parisienne, soit une somme 44% plus élevée que dans le Nord de la France.
Donc effectivement, il reste en moyenne plus d’argent à un habitant de région parisienne lorsque celui-ci a payé le logement, le transport et la nourriture. Mais là où l’enquête devient vraiment intéressante et pleine de sens, c’est à l’endroit de savoir si cet écart de reste à dépenser est vraiment lié au coût de la vie.
L'écart des revenus fait pencher la balance
L’enquête a pu démontrer que des familles avec des caractéristiques similaires avaient en réalité pratiquement le même niveau de dépenses… Et ce, qu’elles habitent dans le centre de la France ou bien en périphérie d’une agglomération.
Une famille paiera effectivement son logement plus cher dans les centres villes, mais les coûts de transports sont plus élevés en périphérie… voire beaucoup plus élevés pour ceux qui habitent en zone rurale, où l'on est souvent obligé d’avoir un (ou deux) véhicule(s) dans une famille pour se déplacer.
La conclusion de cette enquête prouve donc que les différences en matière de “reste à dépenser” ne sont pas liées aux dépenses des ménages, mais bien aux écarts de revenus qui existent entre les zones urbaines et les zones rurales… et parfois aussi entre les régions.
Les salaires sont généralement plus élevés dans les zones où il y a beaucoup d’offres d’emplois, ce qui est le cas dans les agglomérations, et inversement, ils sont plus faibles dans les zones rurales.
Finalement, cette histoire de “reste à dépenser” est davantage un problème de revenus, qu’une question de dépenses. Et ce constat, en réalité, pourrait alimenter les revendications salariales, ou en tout cas donner des arguments pour ceux qui militent pour des hausses de salaires dans ce contexte de tension sociale notamment alimentée par la réforme des retraites.
Cet état des lieux est toutefois moins valable pour les habitants de l’Île-de-France. La région parisienne apparaît effectivement comme une exception dans cette étude. Les logements sont beaucoup plus chers dans le centre de Paris comparé à la proche banlieue, et au final les dépenses des ménages sont plus élevées dans la capitale qu’en périphérie. Une tendance qui ne ressemble donc pas au reste de la France.