Traité de libre-échange avec le Mercosur: qui seraient les gagnants et les perdants en France?

Les éleveurs sont en pointe du combat contre la signature de l’accord Mercosur. Mais cet accord est-il vraiment si catastrophique que ça pour eux? Il peut effectivement ébranler les éleveurs de volailles et de bovins. Pas tellement à cause des quantités: 180.000 tonnes de poulet importées sans droits de douane d’Amérique latine, ça ne représente que 1,2% des poulets élevés en Europe. Pour le bœuf, 99.000 tonnes seraient importées, 1,2% de la production européenne. Le problème, c’est plus que la concurrence risque de se concentrer sur les morceaux les plus rentables.
Ça pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà bien rempli par le poids des impôts, la lourdeur administrative, les contraintes écologiques et la pression de la grande distribution. La filière sucre serait aussi perdante, puisqu’elle devra notamment affronter une hausse des importations d’éthanol ou de miel.
Un accord favorable pour les vignerons et les producteurs de lait, ainsi que pour de nombreux industriels
Mais d’autres agriculteurs sont plutôt contents… Les vignerons voient d’un bien meilleur œil ce projet. Le vin, le champagne, le cognac sont parfois taxés à hauteur de 30% en Amérique latine. Cet accord leur ouvrirait les portes d’un marché en croissance, tout en faisant tomber les barrières douanières. L'industrie laitière se voit pour sa part gratifiée d'un volume d'exportation supplémentaire, à droits zéro, de 40.000 tonnes de fromages et de 10.000 tonnes de poudre écrémée.
Et les autres secteurs seraient aussi plutôt gagnants. Fait assez rare, la France présente une balance commerciale excédentaire avec le Mercosur. Et donc, beaucoup d’industriels devraient profiter de cette ouverture aux échanges d’un marché de 280 millions de consommateurs: automobile, chimie, produits de luxe, produits pharmaceutiques, cosmétiques, devraient voir leurs ventes progresser. Si on ne signe pas, c’est pénaliser ces secteurs face à la concurrence de la Chine qui, elle, ne se privera pas de signer des accords commerciaux qui lui permettront de vendre ses produits moins cher. Il faut étudier les compensations.