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"Les paysans, la classe sociale oubliée": l’avis tranché d’Arthur Chevallier

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La colère des agriculteurs recommence. Ils sont bien décidés à mettre la pression sur le gouvernement pour se faire entendre. Et pour l’écrivain et éditeur Arthur Chevallier, quand la France oublie ses campagnes, ça lui retombe toujours dessus. C’est son avis tranché ce jeudi sur RMC.

Les paysans, c’est la classe sociale oubliée. Et si on les oublie, c’est tout simplement parce qu’on ne les voit pas. En France, comme presque tout se passe à Paris, on pense qu’il n’y a rien autour. Et on finit par croire que les supermarchés, ça se remplit la nuit, sous l’effet du saint esprit.

C’est paradoxal: on les oublie et pourtant ils sont très aimés. D’après une étude Odoxa, en 2024, 93% des Français ont une bonne opinion des agriculteurs. À part Jean-Jacques Goldman, personne n’a cette cote de popularité. C’est d’autant plus impressionnant que des agriculteurs, il y en a de moins en moins.

Au milieu du XXe siècle, ils étaient environs 6 millions. Aujourd’hui, ils sont à peine 400.000. La profession disparaît, et avec elle un mode de vie un peu idéalisé: le bon vieux temps. Ils incarnent la simplicité, la modestie et le travail. Soit tout ce qu’on rêve d’avoir comme qualités sans jamais y arriver.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Les paysans, classe sociale oubliée - 17/10
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Les révoltes des paysans

Mais les paysans, ce sont aussi des révoltes. Ils ont aussi fait peur à une certaine époque. Ils ont même terrorisé le pouvoir. Les révoltes paysannes, on appelle ça des “Jacquerie”, et ça existe depuis le Moyen Âge. L’expression vient de la Guerre de Cent Ans. À l’époque, la France affronte l’Angleterre dans un duel à mort.

Les campagnes sont ravagées par la famine et les pillages. Les paysans se révoltent. Ils attaquent des châteaux et tuent les seigneurs à l’intérieur. C’est ce qu’on appelle la Grande jacquerie. Elle est matée dans le sang par un homme qui portait un nom qui ne s’invente pas: Charles le Mauvais, le roi de Navarre. Cet épisode de violence, c’est un traumatisme.

Méfiance

C’est pourquoi les paysans ont aussi été craints. Du moins jusqu’au XIXe siècle. Le vrai père des paysans, celui qui passait son temps à labourer la France pour soutenir l’agriculture: c’est Napoléon III. Il voulait en faire la première industrie du pays. Il avait même acheté, sur ses propres deniers, plus de 7.000 hectares de terre dans les Landes pour les rendre cultivables et donner l’exemple.

Il va d’ailleurs populariser l’ancêtre de notre salon de l’agriculture, à l’époque, ça s’appelait le Concours universel des animaux reproducteurs. Ça a été un succès immédiat: 80.000 visiteurs en une semaine. Les campagnes lui ont bien rendu puisqu’elles ont été un soutien sans faille pendant tout son règne.

"Il faut soutenir nos paysans"

Les paysans sont donc plutôt conservateurs, mais modérés. C’est le reflet de la bonne vieille guerre entre des villes traditionnellement plus à gauche que les campagnes. Ça continue aujourd’hui. Regardez l’opposition qu’on a l’habitude de faire entre écologie et agriculture. Comme s’il y avait les bobos d’un côté et les ploucs de l’autre.

C’est beaucoup plus compliqué que ça, et d’ailleurs la question n’est pas là. Si on aime les agriculteurs, c’est parce qu’ils nous nourrissent. Les aider, ce n'est pas un choix politique, c’est du bon sens. Et en ce moment, c’est important puisque l’amour n'est pas toujours dans le pré.

Arthur Chevallier