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La France hausse le ton face à l'Union européenne qui veut passer en force sur le Mercosur

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La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a dénoncé un passage en force de la Commission européenne sur l'accord entre l'UE et les pays du Mercosur. Un accord qui pourrait être soumis à un vote dans les prochains jours

Dans le dossier du Mercosur, l’accord de libre-échange avec l’Amérique Latine, la France hausse le ton face à Bruxelles. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard est montée au créneau mercredi. Elle accuse la Commission européenne d’imposer l’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Elle dénonce un “passage en force” qui pourrait, selon ses mots, “remettre les agriculteurs dans la rue”. La Commission pourrait soumettre officiellement l’accord à la signature dans les jours qui viennent et ouvrir ainsi la voie à son adoption formelle.

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Le dossier compliqué par Matthieu Belliard : Libre-échange, l'UE peut-elle imposer le Mercosur ? - 26/06
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Pourquoi l'accord Mercosur est controversé

Le Mercosur, c'est le Marché commun d'Amérique du Sud. Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie: un bloc de plus de 280 millions de consommateurs. L'Union européenne a conclu un accord de libre-échange avec le Mercosur en 2019, mais la ratification du traité est suspendue depuis cinq ans. L’accord nous donnerait accès aux marchés sud-américains pour nos voitures, machines, spiritueux. Mais en échange, le Mercosur pourrait nous vendre plus facilement du riz, du miel, du sucre, du soja, et surtout de la viande bovine.

Les éleveurs redoutent a et annoncent une déferlante de produits traités avec des pesticides interdits en Europe, et l’importation massive de produits agricoles extrêmement concurrentiels.

La France n'est pas seule dans ce combat. Elle est en pointe du lobbying et compte ses amis. Parmi les inquiets: la Pologne, l'Autriche, l'Italie, l'Irlande, les Pays-Bas, la Roumanie. Pour l’instant, rien ne garantit que ces pays voteront contre car les positions n'ont cessé d'évoluer ces derniers mois.

Plusieurs scénarios possibles

C'est bien en France qu'on est le plus opposé au texte. Emmanuel Macron a toujours exprimé des réserves, notamment sur les volets environnementaux. Il a récemment réclamé de nouvelles clauses sanitaires et écologiques. Sans suite pour l'instant.

Le front parlementaire est large. Plus de 600 députés et sénateurs, toutes tendances confondues, ont signé une tribune contre l’accord à l’automne. Mais vu l'inquiétude manifestée par Paris mercredi, il faut se préparer au calendrier européen.

En face, des pays veulent aller vite. L'Allemagne notamment. Son industrie a besoin de nouveaux débouchés, particulièrement pour son secteur automobile, en grande difficulté.

Si la commission signe un accord, elle devra le faire ratifier. Première option, le texte est présenté comme un accord général, il devra alors être validé par les 27 parlements nationaux. Le refus d’un seul pays peut suffire à le bloquer.

Mais la commission peut qualifier le deal de simple "accord commercial". Ce serait alors aux Etats de stopper la procédure. Paris essaie justement de mobiliser une minorité de blocage. Il faut quatre pays qui représentent au moins 35% de l'Union européenne. Et là encore, il resterait le vote du Parlement européen. C’est là que pourraient peser la rue ou les mobilisations agricoles avec les syndicats préparent le terrain.

Et puis il y a la question Donald Trump. Son retour et sa politique protectionniste ne sont pas innocents dans l'accélération. Face à ça, faut-il de nouvelles alliances à l’Europe ? C’est aussi le message porté par le président brésilien Lula lors de sa venue à Paris: signer vite.

Matthieu Belliard